Hollow Knight
8.4
Hollow Knight

Jeu de Team Cherry (2017PC)

J'ai trouvé un 10/10 sous mes semelles. Qui aurait cru qu'un si petit caillou à 15 malheureux euros serait en réalité une pierre des plus précieuses? Hollow Knight fait comprendre que la taille ne fait pas toujours le café. Que ce soit la taille du monde aux galeries infinies d'Hallownest, ou bien celle de la Team Cherry. Une paire de têtes rouges de passion pour le jeu vidéo. Si peu de mains pour tant de pattes d'insectes. Que les grands studios rois du marketing prennent exemple. Que les petits auteurs de metroidvania les regardent. Et Nintendo, au sommet avec le glorieux Metroid; que lui aussi daigne observer Hollow Knight. Si Hollow Knight était un métroïde, il serait l’Oméga, juste en-dessous du Super Metroid.


L'Australie, terre patrie de la Team Cherry, continent peuplé de créatures siégeant confortablement au sommet du panthéon de la chaîne alimentaire. Celui d'Hallownest, aussi grand qu'une paire de chaussures jointes, l'est tout autant. Quelques centimètres de mythologie passionnante, d'insectes redoutables et l'aventure d'un grain de poussière qui deviendra pourfendeur de dieux. Hollow Knight est le fruit du cerisier de deux types louant deux grands classiques. Zelda II et Super Metroid sont la paire de chromosomes d'Hollow Knight. Jouez-y, la ressemblance est terriblement frappante. Vous y verrez un calque de Link évoluant en 2D dans les entrailles de Brinstar (Vertchemin), de ruines Chozo (Routes Oubliées) et autres paysages sauvages dévastés. Vous ne saurez pas qui vous êtes. D'où vient ce sombre insecte qui vous servira d'avatar. Votre instinct de joueur et ce monde mort vous pousserons à descendre toujours plus bas. Hallownest rend tabou tout ce qui touche aux limites du royaume. Jamais aucun insecte ne s'est aventuré au-delà des terres gouvernées par le Roi Pâle. L'autre interdit se situe au plus bas lointain, sous les égouts de la ville royale. Là où toutes les vérités seront révélées.


Hollow Knight est très réservé sur son lore. Chercher des indices sur le pourquoi de la chute d'Hallownest vous fera voyager aux quatre coins du pays. Souvent même, les dialogues paraîtrons bateau. D'un coup, une infection surgira. Fait-on les choses bien? Le jeu nous promène sans réellement dire au joueur ce qu'il pourrait provoquer. Ce jeu de pistes n'arrange pas la compréhension de l'histoire de ces ruines. Et pourtant, à la manière du Chevalier gribouillant sa carte sur un banc, petit à petit, les pièces du puzzle se joignent. Plus on descend dans les abysses, pires seront les révélations. Les origines du Chevalier sont dramatiques. Les fondations d'Hallownest, les Wyrm, le vide et la lumière. D'où provient "l'esprit" des insectes?


Une chose m'a frappé ma dixième heure de jeu passée. Et encore même après la centième heure derrière moi: je n'ai trouvé aucun défaut. Ce sentiment est bien trop rare et le retrouver après tant d'années est étrange. Tout marche trop bien. Parfaitement jouable, avec un Chevalier polyvalent sur le terrain comme au combat. Beau, aux régions inspirées, avec ce trait burtonesque à la fois mignon et inquiétant. Passionnant, avec un Hallownest à la mythologie fascinante. Long, pour le prix d'un bucket au KFC, avec un suivi qui m'a fait me sentir mal d'avoir si peu donné. La musique? J'y reviendrai ailleurs. J'ai cherché du défaut partout, à l'est à l'ouest au nord et au sud. Sur ma manette, sur la jouabilité, les quêtes, les charmes (et je vous arrête là, le coup de les gérer sur les bancs est un faux problème. Cela rend logique l'existence des emplacements, des charmes Sang-de-vie et autres boosters de vitalité). Mais rien. S'il y avait un succès Steam pour trouver ne serait-ce qu'une bavure à Hollow Knight, il aurait 0,1% de complétion. Le 1% restant sera toujours là, puisque tous les goûts sont dans la nature. Et encore, ils vous en diront du jeu plus de bien que de mal.


Pourquoi tant d'amour? Le sentiment de progression avant tout. Nous jouons une petite bestiole, équipée d'une lame sans grande portée ni puissance. Comme tout metroidvania qui se respecte, Hollow Knight vous abandonne dès votre venue au monde. Vous partez nu comme un ver, sautant d'obstacle en obstacle, traversant des couloirs tout sauf accueillants. Vous avez peu et vous ne voyez rien. Vous ne sautez pas assez haut, vous n'êtes pas assez fort. Parfois, un banc. Le Chevalier pourra y reposer ses pattes épuisées. Mais vous restez aveugle tant que vous ne trouverez pas Cornifer le cartographe. C'est après cette partie de cache-cache que vous retrouverez yeux et chemin. Votre rapport au monde change, le héros griffonnera la carte à chaque pause sur un banc. L'envie d'explorer ne baisse pas. Soudain, quelque chose cloche, comme ce gigantesque précipice qui semble mener très loin au bout de la salle. C'est le bon moment pour coller un marqueur sur la carte, promesse d'y revenir un jour.


L'autre sel d'Hollow Knight est dans le combat. Explorer, c'est bien. Mais si peu couvert et si mal armé pourrait porter préjudice. Certaines zones seront sans aucune pitié pour le joueur (le Nid-profond), avec un écosystème menaçant sans temps de pause, sans aucune visibilité et aux bancs de plus en plus éloignés. À la manière de Zelda, des fragments de masques sont dispersés ici et là, de plus en plus indispensables. L'aiguillon, lame des insectes, vaudra tout l'or du monde à être amélioré. Si seulement ses matériaux n'étaient pas aussi farouchement cachés. Quant à l'âme, ressource destinée au soin et à la magie, vous apprendrez avec le temps sa puissance phénoménale contre les boss. Mais gare à la gourmandise: mitraillez votre ennemi de sorts, et vous n'aurez plus assez d'âme pour vous soigner. Et vous reviendrez escrimer au corps à corps, unique moyen de retrouver de l'âme. Le Chevalier finira par devenir un véritable acrobate. Il gagnera des compétences de mante, de papillon, des arts de combat le transformant en machine de guerre. Souvent, les petits couinements de pauvres larves perdues attireront votre attention, avec une récompense à la clé. Et de temps à autre, vous déboucherez sur des stations de coléoptères et de tramway, histoire de gagner du temps de route (sans compter le Portail des Rêves).


Au bout du compte, je me suis retrouvé avec un sourire béat tout le long du périple. Partir avec si peu de bagages pour arriver aussi loin... Je ne vais pas faire la blague de la cerise sur le gâteau, mais lancer un tel raz-de-marée financé par "seulement" 2158 contributeurs, le tout orchestré par deux développeurs (plus deux autres en soutien) et un compositeur... Pendant ce temps, des mastodontes d'éditeurs jonglent avec des paquets de dollars, des régiments de développeurs pour au final sortir des titres au mieux très bons. Mais Hollow Knight n'est pas juste très bon. Hollow Knight pose son abdomen, à défaut de couilles, sur cette décennie de jeu vidéo. Grâce à lui, je sais qui est le roi des metroidvanias et qui sont les scarabées bousiers qui peinent à convaincre.


Le prochain chapitre de la saga des insectes poussera à "l'ascension", tandis qu'Hollow Knight premier du nom invite le joueur vers les abysses. Une nouvelle baffe se prépare. Le roi veut conquérir toujours plus de terrain. Et c'est avec grand plaisir que je vais le suivre et voir jusqu'où il peut aller.


Chère Team Cherry, merci.

Créée

le 26 juin 2020

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Mottainai

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7
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