Sixième album de Russian Circles, Guidance met en avant toutes les qualités du trio et efface tout ses défauts (si il en a). Le groupe y étale un mélange de sensibilité et de violence sur une grosse tartine de post-rock. Inspiré d’une série de photos d’exécutions (super ambiance…), le groupe originaire de Chicago délivre un album direct et sans artifices.
Du calme à la tempête.
Cet album possède une esthétique assez tranchée. Soit le groupe bourrine, soit il crée des instants de calme envoûtants. Ce n’est que pendant de rares instants, comme ceux des morceaux « Morel » et « Afrika », que Russian Circles réussi à allier le calme et la tempête. La démarche de cet album est pourtant assez nette malgré tout. Pas de fioritures, pas de faux semblants. Le groupe ne s’embarrasse pas avec des masses d’effets de production. Guidance sonne vrai. Si vrai qu’on en arrive presque à ressentir la moiteur qui émane des mains des trois musiciens. Si vrai qu’on fini par se jeter à corps perdu dans quarante minutes à la limite du sludge.
Redorer le blason du post-rock.
Bien que Russian Circles soit bien plus qu’un énième groupe de post-rock, il redonne les lettres de noblesse au style. On reproche souvent à ce genre de trop tourner en rond et de sans cesse utiliser les mêmes gimmicks. Une critique qui semble avoir été entendue par les trois potes de l’Illinois. En effet, même si les morceaux ne possèdent pas de structure révolutionnaire, ils sont enveloppés dans une ambiance sonore très travaillée. Le groupe gère également extrêmement bien les silences et dompte les climaxs avec finesse. Russian Circles sait aussi envoyer du gros riff qui tâche quand il le faut. C’est le cas sur « Vorel », un titre quasiment inoubliable tant sa lourdeur écrase nos épaules, nous empêchant de relever la tête. Comme si le groupe nous disait : « Restez ici, on en a pas fini avec vous ! ».
Quand le format album reprend du sens.
Guidance, fait parti de ses albums que l’on écoute d’une traite. Faire autrement serait ne pas comprendre l’essence de la musique du groupe. Loin de moi l’idée de vous donner des directives sur vos habitudes d’écoutes. Il s’agit juste d’un petit conseil pour que l’expérience proposée par Russian Circles soit la plus riche possible. L’album est une expérience quasiment sensorielle. Une prouesse rendue possible grâce à l’alchimie qui se dégage entre les trois membres du groupe. La bourdonnante guitare de Mike Sullivan est soutenue par les solides lignes de basse Brian Cook. Les deux instruments à cordes se lient alors grâce au ciment déversé par la poisseuse batterie de Dave Turncrantz.
Guidance est une grande réussite pour Russian Circles. Le groupe s’est un peu éloigné des pédales de loops pour revenir à l’essentiel: l’énergie live. Bien que la production de Kurt Ballou (Converge) soit très soignée, Guidance sonne cru. De quoi faire encore plus ressentir sa brutalité comme un vrai cri de rage. De plus, Russian Circles est signé sur le label Sargent House, vous savez ce label magique où l’on retrouve Chelsea Wolfe, And So I Watch You From Afar, Marriages etc…
D'autres critiques de ouf guedin ici: www.madafaka.fr