En ouvrant SensCritique hier, je me rendais compte qu’un de mes éclaireurs, PierreAmo, pour ne pas le citer avait mis cet album dans sa liste « Albums conseillés sur SC (à tenter un jour) »
Je me suis dit : « mais moi je ne connais pas non plus ce disque ni cette chanteuse. Si on le conseille à PierreAmo, ça pourrait peut-être me plaire aussi. Je ne suis pas beaucoup plus con que lui ! »
A tenter un jour ?
Moi, je vais le tenter de suite. Et là, rendons grâce à la technologie car aujourd’hui une envie, une tentation de ce genre peut vite s’assouvir. Même ici, à mille milles de toute terre habitée, bien plus isolé qu'un naufragé sur un radeau au milieu de l'océan, pour paraphraser Antoine de Saint-Exupéry.
Par la grâce d’Internet et aux sites de streaming musicaux, nous pouvons écouter à peu près tout et n’importe quoi dans le moment présent.
Alors PierreAmo pourquoi attendre un jour pour le tenter ? Moi si je me dis ça, jamais je ne l’écoute. Un jour ? Mais des jours, il y en a tellement, comment en choisir un !
Quelle belle découverte
PierreAmo n’attend plus ! Jette toi à l’eau ! Un peu de cran que diable ! Lance-toi !
Lena Chamamian est, tu le sais peut-être déjà, une chanteuse syrienne d'origine arménienne née à Damas en 1979. Depuis 2011, elle est réfugiée à Paris.
El Hamdoulilah, on accepte les réfugiés en France !
On serait bien en peine si les fachos avaient le pouvoir, nous aurions sûrement perdu une étoile !
Hal Asmar Ellon
Son premier album est un coup de maître. D’abord c’est un album court, 6 titres, d’une musique que nous n’avions encore jamais ou rarement entendu. De la musique orientale mâtinée de Jazz, à moins que ce soit du Jazz mâtinée de musique orientale. 6 titres donc qui mêle instruments orientaux à une trompette langoureuse ou à un piano lascif.
Cette fusion est née de la rencontre de Lena Chamamian et de Basel Rajoub au conservatoire de musique d’Alep. Basel est trompettiste passionné de Jazz, Lena se définit comme une chanteuse lyrique arabe. Leur "projet musical" est donc naturellement basé sur la richesse des mélodies traditionnelles et mêle des influences jazz à l’héritage oriental et arménien. Il y apporte notamment des sonorités peu communes telles que le piano, le saxophone ou d'autres cuivres.
Ce concept et ses deux auteurs partiront en tournée en Syrie dans des villages ruraux. L’accueil est chaleureux. Ils finiront par remporter la finale de la première édition du Prix Radio Monte Carlo Moyen-Orient Musique organisée au Centre Culturel Al Hussein à Amman. Ce prix leur permet d’enregistrer leur premier album Hal Asmar el Lon, celui-là même que je viens d’écouter.
Si vous êtes un brin curieux, si vous aimez la musique orientale ou le jazz, cet album est fait pour vous.
Une vraie découverte, qu’on peut écouter aujourd’hui, comme un doigt bien tendu à tous les xénophobes que la différence effraie au point de perdre leur humanité.