Il y a près de dix ans, Grand Blanc débarquait sur la scène française avec un son à la fois glacial et abrasif, teinté d’électronique et de réminiscence coldwave dans un monde résigné à laisser la place aux formations coincées entre références au passé et modernité.
Ses mots venaient alors, en français dans le texte, apporter un souffle de paix et surtout de vastes élans d’amour, à offrir et à partager pour ceux qui souhaitaient les recevoir. Formation déstabilisante d’humanité, à la fois humble et sincère, le public découvrait alors en Grand Blanc une perle rare qui souhaitait toucher droit au cœur plutôt qu’aux portemonnaies ou aux algorithmes des réseaux pour gagner en reconnaissance et en popularité. Un EP, deux albums et de belles performances remarquées plus tard, voici un nouveau chapitre de cette aventure qui s’ouvre sous un titre lumineux, Halo.
Entre temps, c’est une véritable (r)évolution qui s’est emparée du groupe, ou plutôt une longue pause, source de nouvelles fondations. C’est en effet dans une maison au milieu de la forêt picarde, loin de Paris et du quartier de Belleville dans lequel le collectif avait élu domicile après son départ de Metz (sa ville d’origine) qu’il a choisi de se retrouver pour lentement se ressourcer et donner naissance aux treize morceaux de ce nouvel album. Loin d’un caprice de citadins ou des signes d’un essoufflement créatif, le cadre de cette retraite choisie infuse en réalité toute l’esthétique et les ambitions du disque, de sa palette sonore (profondément acoustique) à son modèle économique (la fondation de leur propre label, Parages, loin d’Entreprise chez qui la formation avait fait ses premières armes).
Ce qui surprend tout d’abord, c’est l’apparent dépouillement des arrangements comme de la production, ramenant ces nouvelles compositions à l’état de nature, comme des sortes de démos enregistrées sur le vif, sans fioritures. S’ouvrant sur Loon, morceau-fleuve aux accords ouverts et à l’ambiance éthérée (une constante qui ne faiblira pas au fil des 54 minutes du disque), il pose d’emblée un son et une perspective en dehors des canons esthétiques de son époque.
Retour sur soi, mais aussi vers le monde, la nature, la faune, la flore, loin de toute agitation vaine et de problématiques dérisoires, superficielles ou consuméristes. La réverbération, omniprésente, les voix célestes – celle bien sûr de Camille Delvecchio, délicate et bouleversante, mais aussi celle de Benoît David au timbre et au grain unique – et les arrangements minimalistes – claviers, guitare, basse et percussions de Vincent Corbel et Luc Wagner mais aussi harpe, saxophone, pedal-steel et divers effets et discrets traitements électroniques – font de ce disque un Éden où il fait bon se reposer, tendre l’oreille, rêver. [...]
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