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Les artistes ont droit au changement. Il vaut mieux qu’ils suivent leurs envies plutôt que de coller à tout prix aux attentes de leurs fans. Quand on fait quelque chose à contre cœur, cela se ressentira toujours dans le résultat final. Demandez-vous pourquoi des dinosaures du rock continuent d’enregistrer alors qu’ils n’ont visiblement plus rien à dire ?
Hélas, assumer ses envies n’est pas évident vis-à-vis de ses admirateurs. Ces derniers pouvant rejeter cette nouvelle orientation, qu’elle soit réussie ou non. Libre à chacun d’y adhérer de toute manière.


Catherine Wheel aura connu ce problème avec sa 3ème sortie. Après avoir sorti leur pièce maitresse, ils étaient à un carrefour de leur existence : refaire la même chose en moins bien au risque de lasser rapidement tout le monde, ou bien tenter le tout pour le tout et percer éventuellement en dehors du public indie ?


Happy Days s’oriente violemment vers un rock alternatif Américain dans l’esprit, car plus frontal. Une envie de coller plus à l’esprit du temps et qui a été perçue comme un opportunisme maladroit par leurs fans (le grunge a beau vivre ses dernières heures, il est encore très populaire). A moins d’être sourd, ces influences hard rock ne sont pas venues de nulle part. Les Anglais ont toujours pratiqué un shoegazing à la fois puissant et éthéré, grâce à leurs guitares mordantes et des soli dévastateurs. Rob Dickinson se montrait même de plus en plus agressif dans ses inflexions vocales sur l’époustouflant Chrome.


Devons-nous en vouloir à une bande de passer à autre chose quand on constate la qualité de leurs chansons ? C’est simple, toute la première moitié de cet album est enthousiasmante au possible. Jamais ils n’ont composé une musique aussi brutale et proche des moments les plus énergiques des Smashing Pumpkins. On sent bien qu’ils avaient la rage au ventre et l’envie de prouver quelque chose. Une volonté de remporter un gros succès même. Ils peuvent se le permettre vu leur force mélodique capable de faire chavirer des stades.


Est-il possible de ne pas être accroché par une introduction comme « God Inside My Head » ? Peut-on avoir la volonté de rester immobile pendant l’écoute de « Little Muscle » ou du bourrin « My Exhibition » ? J’en doute fort. Cela ne les empêche pas de vous nouer une nouvelle fois la gorge avec une pièce comme « Heal ». Rob Dickinson chante comme s’il allait périr dans la minute suivante et rend cette ballade totalement bouleversante. Laissez tomber tous vos meilleurs slows de hard rock ou de progueux sensibles, l’ami Rob les enfonce tous sans la moindre difficulté. Être pompeux et classieux est donc possible, il fallait être Anglais et un shoegazer pour en être capable.


Happy Days n’est cependant pas irréprochable. Car après ce morceau pivot qu’est « Eat My Dust You Insensitive Fuck » (une autre superbe ballade nouant avec le blues new wave de Talk Talk cette fois-ci), le disque bascule complètement dans une autre dimension et laisse entrevoir l’aspect le moins reluisant de Catherine Wheel . Je n’évoque pas « Shocking » qui est un très chouette morceau de britpop, mais plutôt des… trucs comme « Love Tips Up » et « Kill My Soul ». Certes, le premier est correct. C’est tout de même bien la première fois qu’une chanson seulement correcte se retrouve sur un de leurs albums. Le second titre est plus problématique. Des riffs puissants le parsèment mais l’interprétation de Dickinson semble à côté de la plaque car très niaise. Une niaiserie qu’il a pourtant toujours su éviter avec facilité et qu’on retrouve également sur « Fizzy Love ». De la country pop qui nous reste en mémoire pour de mauvaises raisons à cause d’un refrain à la limite de l’abominable.


… Toutefois, un autre morceau d’exception surnage dans cet ensemble contrasté : « Judy Staring at the Sun ». Malgré ses paroles faisant référence à une amie du groupe accro à l’héroïne, c’est une chanson brûlante et lumineuse apte à émerveiller tous ceux qui auront conservé leur âme d’enfant. Le refrain chanté par Tanya Donelly (chanteuse des Breeders et Belly) est tellement beau et naïf qu’il en devient addictif. Quelle drôle d’ironie pour un titre censé dénoncer les ravages de la drogue.


Néanmoins, cet aspect confus est finalement en adéquation avec un disque aussi lunatique. Catherine Wheel puisait au fond de ses tripes pour trouver une nouvelle voie à suivre, au prix de se montrer indélicat avec son entourage. Les paroles de « Receive » démontrent à quel point ils sont perturbés de devoir muter pour survivre et n’est-ce pas un « You're pissing me off » que le chanteur lâche rageusement sur « My Exhibition » ? A bon entendeur…


Chronique sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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Créée

le 22 août 2015

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Seijitsu

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