Il faut d'abord passer l'effet de surprise initial : la voix de Baxter, l'accent cockney un peu forcé de Baxter, le côté cool-sourire en coin-doux amer, bon dieu, mais c'est comme une réincarnation de la grâce de "papa Ian" ! Ensuite, il est facile de voir que le terrain sur lequel officie Baxter est bien différent - même si, là encore, le second degré humble pour dissimuler des blessures profondes, c'est bien le même registre : ici, on est dans une "pop lo fi" qui doit beaucoup à la grâce des Kinks (après Damon Albarn, Baxter Dury serait donc le second fils caché du grand Ray Davies ?), avec des tendances jazz lounge qui font du bien à l'âme. Surtout, "Happy Soup" propose, derrière son côté "bricolé à la maison", des chansons tout simplement parfaites - textes sibyllins mais malins, mélodies irrésistibles dès la première écoute -, mais surtout une incroyable précision, une justesse décoiffante de chacune des idées à l’œuvre ici, que cela soit l'apparition d'une guitare électrique menaçante, les notes acides d'un humble Casiotone ou la parfaite construction des voix féminines en écho faussement naïf de la voix fatiguée de Baxter. Un album tout simplement délicieux. [Critique écrite en 2011]