Load Magnetic
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le 17 nov. 2016
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En théorie cet album, c'est de la bombe ! Un retour du Metallica brut et agressif des années 80 mais avec une teinte nouvelle, plutôt typée Load/Reload mais qui sait garder son tranchant. Une production enfin potable après les écueils St Anger et Death Magnetic. De longs morceaux, de bons riffs, de premiers extraits pas dégueulasses du tout... Tiendrait-on enfin un bon album ?
On va pas maintenir l'illusion plus longtemps, chez moi, Hardwired... to Self-Destruct s'est révélé poussif, longuet, et il est un peu difficile de s'y intéresser de bout en bout. Pourtant j'aime le son, hein, mais à la fin je ressors presque systématiquement agacé. Serait-ce à cause de ses 80 minutes ? Je pense que le problème est plus profond.
Les chansons de cet album font en moyenne dans les 7 minutes. Metallica a déjà composé de longues chansons par le passé, certaines d'entre elles sont parmi mes préférées du groupe d'ailleurs comme The Call of Ktulu ou la célèbre Master of Puppets. Seulement composer de longs morceaux, de longs albums qui marchent, ça ne va pas de soi, ça demande un travail précis de rythme, d'équilibre, et c'est à mon avis ce qui manque cruellement à ce nouvel album.
Sans rentrer dans la théorie musicale, il y a des enchaînements d'accords qui appellent une résolution immédiate, et d'autres qui permettent une boucle infinie. Entre les deux, toute une palette d'intermédiaires. En jouant astucieusement avec ces accords mais aussi bien sûr avec l'instrumentation, les rythmiques ou le style musical on peut faire durer un morceau pendant une heure sans pour autant qu'il soit chiant (par exemple Light of Day, Day of Darkness de Green Carnation). Chez Metallica, de nombreux morceaux des années 80 (parfois plus courts comme Fade to Black ou One) montraient une capacité indéniable de composition.
Hardwired to Self-Destruct présente de ce côté-là le même syndrome que St-Anger (en moins pire) : quasiment tous les riffs, mélodies, rythmes et même les solos sont à 100%, sans aucune pause, aucune variation (les riffs changent mais la tension n'est jamais relâchée). Ils ont tendance à former un bloc homogène. Résultat : à force de maintenir la vitesse et la tension, celle-ci s'essoufle d'elle-même. C'est plus ou moins vrai selon les morceaux, certains comme Moth Into Flame sont un peu mieux composés mais comparez avec Master of Puppets : pour moi, y a pas photo.
Si cet album est dans cette tension permanente qui finit par s'autodétruire (c'était dans le titre), c'est à mon avis parce qu'il est légèrement forcé par Hetfield et Ulrich qui, sachant ce que la fanbase veut, ont, à chaque fois qu'un choix se présentait, opté pour le riff, la suite d'accords, le refrain le plus incisif, façon de montrer au monde et à eux-mêmes qu'ils en ont encore dans le ventre (d'ailleurs, les clips semblent conçus pour mettre en valeur leur énergie en live). Même le morceau qui se veut une ballade, Halo on Fire ne pose l'ambiance qu'à moitié.
Tout ça n'est pas fondamentalement mauvais : ça rapproche finalement pas mal cet album d'un style plus Groove Metal qu'à l'accoutumée (d'autant qu'on entend de temps en temps la basse de Trujillo) et je pense que ces morceaux seront hyper efficaces en live. Mais personnellement, en studio, ça me gonfle légèrement.
Allez, je vous l'accorde, c'est quand-même le meilleur depuis 1991 !
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le 22 nov. 2016
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