Harvest Moon par XavierChan
Après avoir écouté vingt-cinq ans de musique du Loner, force est de constater que personne ne peut lui voler le titre du plus grand singer-songwriter de musique folk. Bob Dylan lorgne beaucoup plus du côté des bluesmen du Mississippi que des chanteurs roots de Nashville. Non, le plus beau porte-étendard du mouvement folk au sens musical et non politique du terme revient à Neil Young qui, comme un regard nostalgique et délicieux de l'époque Harvest (1972), retourne avec la plupart des musiciens de l'album culte vingt ans plus tard. Par respect, pour la vibration sonique, modeste et épurée, sublime de variations sèches tout en cordes pincées, piquées, effleurées avec la maestria d'un vieux maître artisan d'un son qui lui est propre.
Bien que consacrant un temps fou à sa collection de voitures américaines des années 50, aux circuits de trains électriques pour son fils handicapé, Neil Young trouve le temps d'écrire et de composer des albums qui, depuis le début des années 90, ne cessent d'être meilleurs. Il y avait au départ Freedom, son premier album post-Geffen, puis Ragged Glory qui mit Kurt Cobain minable. Un live monstrueux et agressif, où Neil Young y perd régulièrement sa voix (et de l'audition aussi), intitulé Weld dont un Arc tout en variations électriques qui n'aurait pas déplu à Lou Reed.
Et cet Harvest Moon. Petit miracle d'épure folk amoureuse comme à ses débuts, tendre et cristallin. Comme suspendu entre trois accords. Un ou deux morceaux pas terribles, on s'en fiche, l'ensemble confine au respectable. Dans le documentaire de Jonathan Demme, Heart of Gold (2006), Robert Christgau confiait qu'aucun artiste n'avait composé autant de "good songs" que Neil Young. Musique.
"Because I'm still in love with you
I want to see you dance again
Because I'm still in love with you
On this harvest moon."