En glissant sa sublime voix sur la dernière production baroque de Ducktails (St. Catherine), Julia Holter a laissé malgré elle un avant-goût d’un nouveau disque plein de grâce.
La Californienne a dû l’enregistrer dans la même cathédrale que le groupe de Matt Mondanile pour trouver de si belles résonances à ses cordes de violons et de piano. Deux ans après Loud City Song, l’artiste de 30 ans revient en effet avec un album chamber-pop d’une classe folle et d’une intensité encore inédite. En témoigne l’imposant flot de cordes épiques en conclusion de “Silhouette” alors que le rythme s’emballe soudainement au triple galop.
Juste avant, le titre d’ouverture “Feel You” jette un sort dès ses premières secondes portées par un clavecin et des harmonies vocales. Le disque joue sans cesse avec les émotions, entre la complainte sombre et profonde “How Long ?” et les mélodies plus enjouées des claviers et de la batterie de “Everytime Boots”.
À certains moments, c’est au chant que l’Américaine se met en avant au travers d’une production plus épurée à l’image de la superbe performance vocale sur le piano-voix “Betsy On The Roof”. Une simplicité qui contraste avec “Vasquez” morceau expérimental déroutant de près de sept minutes et inspiré par une vieille légende.
De nombreux titres sont ainsi inspirés de personnages et d’intrigues provenant de divers contes et romans pour transformer Have You In My Wilderness en oeuvre presque cinématographique.
Chronique parue dans le magazine Tsugi n°85.