Le temps s’était simplement arrêté pour Slowdive, qui reprend juste les choses là où il les avait laissées... Ou du moins à leur son pré-«Pygmalion», c’est à dire entre shoegaze et dream-pop, avec leur formule classique à trois guitaristes, un bassiste et un batteur. Ainsi, les cordes aiguisées du groupe - qui évolue toujours le nez penché sur ses impressionnantes collections de pédales - n’ont de cette façon le droit qu’à un léger complément, avec un petit synthé pris en main par Rachel de façon très intermittente, notamment pour les nouvelles compositions. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la beauté de leur son, éthéré, onirique, mélancolique, n’a pas pris une ride.
Après 22 ans de silence, le long hiatus de Slowdive a effectivement été brisé par les deux morceaux géniaux que sont «Star Roving» et «Sugar For The Pill», en attendant un quatrième album sublime. Le quintet n’a rien perdu de sa superbe sur scène avec ces deux singles qui symbolisent bien deux couleurs auxquelles le groupe s’attache depuis ses débuts : shoegaze pour le premier, avec ses cordes saturées et distordues sur des refrains instrumentaux mélodiques et jouissifs. Dream-pop pour le second, par son onirisme et sa mélancolie qui a inspiré de nombreux groupes indie-rock des générations suivantes - Beach House en tête - presque tous les autres morceaux de la setlist pendant le concert sonnant presque comme le rappel de cette évidence.
Et si sur scène le band est officiellement reformé depuis trois ans - puisqu’il était notamment passé par Paris au festival Villette Sonique en 2014 - la tournée prévue pour 2017 figure comme un symbole alors que c’est toute une génération d’artiste qui revient en force depuis peu, à l’image de My Bloody Valentine et de Ride, qui ont longtemps boxé dans la même catégorie. Comme si le revival 80’s qui a beaucoup envahi nos ondes, et définissait presque une ambiance globale, semblait petit à petit être remplacé par celui des années 90 dans les esprits.
L’album qui arrive le 5 mai chez Dead Oceans figurera sûrement en pôle-position de nombreux tops de fin d’année. Une belle revanche pour un groupe qui n’avait pas vraiment eu toute la reconnaissance publique et surtout médiatique qu’il méritait alors en son temps.
Chronique publiée sur indiemusic.fr