On l'aura attendu cet album !
Depuis le comeback scénique de Slowdive début 2014 -avec pour nous autres bretons leur halte aussi brillante qu'émouvante à La Route du Rock- on se doutait bien qu'un album sortirait, à l'instar de MBV, l'autre légende du shoegaze. Mais que ce fut long... Et franchement, tant mieux, parce que le résultat s'avère au moins au niveau de mes espérances.
Il faut dire que leur dernier album datait de 1995, et que ce Pygmalion, extrêmement lent, n'était pas franchement ma tasse de thé. Il me fallut donc prier les cieux éthérés du shoegaze pour que cette voie exagérément dépouillée soit quelque peu délaissée. Et le quintet britannique de Reading semble avoir entendu mes incantations en sortant ce quatrième album éponyme.
Surtout que tout commence pour le mieux dans le meilleur des mondes avec un premier titre, Slomo, l'introduisant à la perfection. J'en frissonne à chaque écoute de son intro progressive de 2 minutes 30. Tout le charme instrumental du groupe s'y trouve déjà, alors quand les deux voix ondoyantes (par un effet très efficace) de Neil Halstead et Rachel Goswell viennent s'y poser, on se retrouve déjà en plein rêve. Quelques petites pauses et contre-temps subtils plus tard, les montées successives de sons et de chants terminent de nous envoyer au septième ciel. L'un des deux meilleurs morceaux de l'album selon moi, et le plus ambitieux probablement.
Le deuxième on le connaissait déjà. Star Roving fut le premier single proposé par l'excellent label Dead Oceans. Etonnant, parce que pêchu, celui-ci reste agréable sur les 3-4 premières minutes, mais sa longueur et son manque de variété finissent par lasser quelque peu. Il lui manque par exemple un petit bouquet final qui aurait pu en faire un très bon titre.
Heureusement, Don't Know Why remet les pendules à l'heure. Pourtant, ses toutes premières notes et le chant de Rachel, presque arythmiques, font craindre le pire ; mais la reprise rapide du riff suivant les transforme en coup de génie. Frissons garantis pour un morceau qui se déploiera élégamment sur ses guitares rêveuses...
Le second single, Sugar for the Pill, avait eu le don de me redonner un bel espoir après le mitigé premier : du Slowdive pur jus qui avait sans doute pour objectif de rassurer le fan. Petite intro sympa, apaisante, les voix d'Halstead se trouvent prolongées par des petits effets chaleureux, avec par ailleurs un pont aux 3/4 particulièrement inspiré d'intensité. Du tout bon.
Le 5ème morceau fait plus que rivaliser avec le premier. Everyone Knows permettant enfin à l'excellent batteur Simon Scott de sortir un peu du bois... La rythmique et l'émotion de l'instru d'intro vont de paire, et lorsque la voix de Rachel s'en mêle ça devient carrément sublime. De nombreuses variations très intéressantes viendront prolonger ce titre au final en crescendo très intense. Un joyau joyeux, chose assez rare pour être soulignée.
No Longer Making Time propose quant à lui une intro d'ambiance assez cool suivie par un excellent décollage en règle. Malheureusement, il n'y aura pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent. Un peu trop répétitif à mon goût.
Mais vous souvenez-vous de Souvlaki Space Station ? Ouais ? Ben il y a vraiment quelque chose avec Go Get It... Et c'est tant mieux, non ? L'influence se sent dès l'intro et la montée avec l'association des deux voix nous envoie direct dans un autre monde, jusqu'à ce que Rachel laisse Neil à la manoeuvre pour nous faire planer un peu plus. Un très bon trip.
Et enfin : Falling Ashes... Ah celui-là on ne l'attendait pas du tout ! Un dernier morceau qui devrait diviser... Une boucle piano mélancolique, avec une tonalité générale peut-être un peu trop maniérée : c'est qu'on n'a pas l'habitude nous ! Ceci dit, c'est relativement efficace... Pour un temps en tout cas. Parce que ça traîne pas mal en longueur (8 minutes) malgré les sublimes voix combinées de notre duo préféré. Pas trop mon truc au final mais c'est une bonne idée pour s'endormir avec le disque ! ^^
Quoi qu'il en soit, je re-signe pour un album de cette qualité tous les 2-3 ans s'il le faut. L'émotion reste intacte, la personnalité du groupe aussi, il y a quelque chose d'irrationnel, une alchimie. Quoique j'ai quand même trouvé Simon Scott trop en retrait, trop sage sur cet opus, parce que dieu sait si le bougre en a toujours sous la pédale !
Alors certes on n'y retrouve pas des titres aussi fabuleux que Catch the Breeze, Primal, Machine Gun ou When the Sun Hits, mais on a quand même là un album très équilibré, sans fausse note, et avec pas mal de grands moments. Et c'est bien là l'essentiel.
Allez hop, on s'y replonge, pianissimo...