Il y a indiscutablement un âge où l'on va moins chercher dans la Musique l'excitation, la stimulation (des sensations, du corps, des colères, des sentiments amoureux...) pour plutôt tenter de dénicher çà et là quelques traces de la Beauté. Avant d'écouter le nouvel album de Slowdive après plus de 20 ans de silence, j'étais assez sceptique quant à l'intérêt de poursuivre en 2017 le geste "shoegaze", qui m'avait certes séduit dans les Nineties, puisque j'habitais alors Londres et m'explosais bien volontiers la tête sur Ride et My Bloody Valentine : tout cela se réduisait désormais dans ma mémoire à quelques soirées riches en excès, et pas grand-chose d'autre. Quel fut donc le choc de découvrir les huit plages (oui, comme la plage où je ne suis pas en ce mois de juillet...) somptueuses, occasionnellement sublimes ! Slowdive - le groupe - n'invente absolument rien ici, ne réinvente même pas particulièrement le shoegaze, ou la "dream pop" puisqu'il semble que cela soit encore plus le terrain de jeu de cet album : "Slowdive" - l'album - représente simplement une sorte d'absolue perfection dans un registre que l'on croyait usé, entre sonorités soyeuses au cœur desquelles on a envie de se lover, et mélodies efficaces qui collent à la mémoire. Un peu comme si, pour sortir un peu des références shoegaze, Robert Smith avait enfin réussi la synthèse entre sa pop-music ludique et ses ambiances planantes, avant de repeindre le tout couleur bleu ciel. Mais l'essentiel, finalement, c'est ce sentiment que "Slowdive" nous offre, en toute humilité, et sans effort apparent (... alors que bien sûr, il doit y avoir un travail redoutable là derrière, en sus des 20 années de maturation) plus que notre portion congrue de Beauté absolue. D'où ce ravissement exquis qui nous en envahit. [Critique écrite en 2017]