Quand la "nouvelle scène française" rencontre le bal musette et le rap, ça donne Java, formation acoustique française de gentils frapadingues inspirés. Si vous êtes amateurs d'humour noir, de jeux de mots pourris et de lecture à double sens, aucun doute "Hawaï" est fait pour vous !
Décomplexé de tout folklore sans pour autant renier ses influences, Java et son chanteur Erwann s'en donnent à cœur joie, alternant tour à tour rap, titres plus proches du slam ou chanson française avec un certain brio dans l'interprétation mais surtout dans l'écriture.
Cynique, rigolard, mélancolique, franchouillard, le groupe dévoile sans pudeur les multiples facettes d'une personnalité des plus attachantes.
Adeptes du jeu de mots lourdingue (qu'ils manient avec maestria comme en témoignent, "Le poil", "Sex accordéon et alcool" tout en marques d'alcool, "Métro", dans la veine d'un Pierre Perret ou encore "Dieu", le meilleur titre de l'album), d'un humour noir des plus cyniques ("Chihuahua" ou encore "C'est la vie" et sa géniale description d'une manif' lycéenne) et de la métaphore filée bien pensée ("Pépètes"), Java mène sa barque d'une main de maître, barque qui ne tanguera réellement que lors des rares envolées lyriques un tantinet prétentieuses de l'album ("Hawaï", "Le Ramses").
C'est un véritable bain de jouvence que l'écoute de ce (trop) court album : difficile de ne pas sourire devant le cynisme épicurien de "C'est la vie" ou le ton irrévérencieux mais tellement jubilatoire de "Dieu", de ne pas apprécier la qualité d'écriture d'un "Pépètes" ou d'un "Métro" ou de ne pas scander le refrain de "Sex accordéon et alcool" dès que l'eau ferrugineuse coule à flots. Quant aux moments de calme, ils témoignent d'une plume de qualité, fine et sensible qui souffre alors malheureusement d'une interprétation qui aurait gagné à être plus sobre.
On se vautrerait lamentablement dans ce que les médias les plus hype appellent désormais "la nouvelle scène française" (vous savez, tous ces jeunes plus ou moins bobo qui chantent mal – ou plutôt parlent – leur dépression sur de la musique d'ascenseur) si Java n'avait pas pris le parti d'aller puiser dans une culture tout ce qu'il y a de populaire pour habiller ses textes.
Pour coller à la gouaille toute parisienne de son chanteur, que choisir de mieux qu'un accordéon qui fleure bon le bal populaire du vieux Paname ? Totalement acoustique, on croise avec bonheur et plaisir là une contrebasse, ici une guitare, plus loin un trombone... L'ensemble donne à ce premier album une chaleur intimiste et bon enfant où l'accordéon du grand-père côtoie sans heurt le rap du petit fils.