Quand on parle de Jazz, on cite souvent le "Kind Of Blue" de Miles Davis où encore le "A Love Supreme" de John Coltrane. Quand on parle de Jazz-Funk, on cite directement le Head Hunters et c'est normal car personne (et pas même Herbie Hancock ) n'a et ne fera mieux dans le genre que cette pépite.
Herbie avait pourtant déjà enregistré des albums de Jazz-Fusion avant celui-ci. Mais c'était un Jazz-Fusion bien plus expérimentale qui proposait une musique plus chaotique. Head Hunters, lui, est plus accessible : la musique est nettement plus structuré et groovy. A coté de ça, c'est un disque qui sait être aussi aventureux et qui n'hésite pas à proposer de l'improvisation et de la trance. Head Hunters où le dosage parfait.
Bien sûr, le morceau le plus populaire et le plus qualitatif de l'album est l'incroyable "Chameleon" qui dure quasiment à lui tout seul 16 minutes : un véritable voyage. Le groove tourne à plein régime avec une ligne de basse infernal en fil conducteur. Les solos de Hancock avec ses claviers s'enchainent, tous plus dingues les uns que les autres, sans qu'on ne perdent jamais le fil nottament grâce à cette ligne de basse facilement mémorisable. C'est groovy mais c'est aussi entrainent, spatiale, avec une ambiance psychédélique par endroit. La section rythmique est solide de chez solide : deux percussionnistes (dont un Harvey Mason impressionnent) envoient du lourd comme jamais derrière et les 16 minutes nous donne l'impression d'en durer 5. Difficile de s'en remettre.
Le morceau le plus populaire du disque avec "Chameleon" est le plus concis "Watermelon Man" qui est en fait une relecture d'un ancien morceau d'Hancock. On est toujours dans un Jazz Funk mais plus relax cette fois même si le groove est encore une fois très présent. Les percussions et le son de flute (qui est en fait le percussionniste Bill Summers qui souffle dans des bouteilles !) donne une ambiance de musique africaine au morceau.
La seconde face propose les deux titres les moins connus : "Sly" est un morceau complètement barré qui laisse une plus grande part à l'improvisation et "Vein Melter" est un morceau très doux qui fait voyager et qui met surtout en avant les claviers d'Herbie Hancock et le Saxo de Bennie Maupin. Le titre le plus doux et aussi le plus "Jazz" de l'album.