Head On n'est pas un album facile.
Comme beaucoup de disques de Bobby Hutcherson chez Blue Note à cette période, il a le mérite de proposer à nouveau un hard bop ambitieux et souvent d'avant-garde, presque expérimental. Un disque donc qui se laisse décanter lentement pour être véritablement apprécié. Mais c'est la version cd remastérisée avec ses titres bonus qui font que le disque finit par éblouir littéralement là où auparavant dans sa version d'origine vinyle avec 4 pistes, il ne payait pas (autant) de mine.
La première piste d'emblée annonce bien la couleur. At the source est clairement divisée en deux parties, l'une très abstraite, la seconde, plus mélancolique, avec une démarche chaloupée reconnaissable là où le titre démarrait d'une manière "atmosphérique". Many thousand gone, juste après ne vient pas spécialement clarifier les choses. On peut y décerner cette fois un hard bop d'avant garde mêlé d'influences contemporaines en une seule et même pistes (donc pas de séparation nette). Dans ce titre très étrange, c'est la contrebasse qui mène la dance, Hutcherson n'intervenant que très ponctuellement pour donner la pointe de douceur nécessaire.
Mtume est un hommage au fameux percussionniste à l'instar de celui de Miles Davis peu de temps après sur l'album Get up with it. On s'en doute donc, c'est un titre très enlevé, solide et fascinant qui permet de souffler sur des compositions un peu plus "basiques" (ce qu'est aussi sur un tempo bien plus ralenti, Clockwork of the spirits).
Jusqu'ici un bon disque. Intéressant je dirais. Mais qui ne soulève pas spécialement toute mon adhésion. Mais ce n'est pas fini, le meilleur reste à venir.
Car voilà t'il pas le disque fini que Blue Note sur la version cd nous délivre trois bonus d'envergure dont un Togo land de 15mn et un Hey Harold de 17mn ! Et là on a presque l'impression de voir un Hutcherson délivrer SA version du jazz-rock à la Miles Davis. Oui, oui. Pour un peu on mettrait ces titres dans des bonus de Bitches brew voire même plutôt Big fun, c'est dire.
Autour d'une rythmique endiablée, Hutcherson soudain semble exploser à répétition, lancé dans une folie de jeu musical doppé aux vitamines. Il faut l'entendre pour le croire. On avait pas trop vu ça chez lui jusqu'ici.
Sérieusement Blue Note, vous comptiez les garder encore longtemps toutes vos merveilles cachées ? °o°