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« Listen to me right now

You so far above,

When I reach the sun,

You turn it cold… »

(Hellishade of Heavenue)


Je crois qu’avec Leviathan on est tombé sur le fameux groupe méconnu qui passe sous le radar de tout le monde. Surtout qu’étant donné de la boutique Montréalaise (*) où je l’entendais jouer en fond, je me disais « Hé c’est super cool ce truc avec ces claviers planants et cette guitare façon Pink Floyd, du prog rock à l’ancienne mais avec le son résolument moderne ».


Oui je ne rêvais pas. Du prog de 2024 d’un groupe qui revient effectivement de loin.


Car Leviathan (à ne pas confondre avec la multitude d’homonymes musicaux en toutes sortes, la créature biblique ayant plus qu’inspiré l’humain comme on le voit, souvent dans le domaine du Metal d’ailleurs) ici nous vient d’Italie et a été formé au milieu des années 80. Le nom ne vous dit toujours rien ? Moi non plus. Ni même Aymeric Leroy dans son très bon ouvrage « Rock Progressif » chez Le mot et le reste n’en touche mot alors que l’ouvrage s’avère particulièrement exhaustif en ce qui concerne le rock prog au niveau mondial. Bon après c’est vrai qu’on peut pas non plus tout explorer et le prog est aussi vaste que le monde.


Fondé par Alex Brunori (au chant), Andrea Moneta (batterie) et Franco Pezella (claviers) bientôt remplacé par Andrea Amici, tout comme Sandro Wilderk à la basse sera remplacé par Fabio Donna puis dans ce coming-back de 2024 par Andrea Castelli. Enfin Fabio Serra en 2024 à la guitare électrique remplace Giorgio Carana et Claudio Varamo. Quel sac de nœuds… le groupe a eu son lot de changements successifs mais là c’est un peu comme si on prenait Genesis et qu’à part Banks et Gabriel, c’était le jeu des chaises mouvantes à chaque disque. Ce qui a peut-être d’emblée ébranlé la cohésion de ce petit groupe de prog italien où Brunori chante en anglais, allez savoir.

Toujours est-il qu’un premier effort paraît en 1988, nommé « Heartquake ». Oui ça vous dit quelque chose, on y vient, on y vient. Premier album… Une musique sympathique mais sans trop d’envergure, où la production s’avère sans force, les compos manquent parfois un peu de peps ou de liant, la guitare est bien sans plus… Et la pochette est pas top. Et dans un groupe de prog justement, l’identité graphique c’est ultra important (remember le Gab’ himself et ses costumes sur scène dans les 70’s hein). Second album en 1990, « Bee yourself » et ses petites abeilles qui envahissent une ville. Bon, bon c’est pas mal. Un peu ronflant par moments. On a des influences un peu partout (j’entends parfois du Genesis ou du IQ). Pochette là aussi pas terrible. Et je ne vous parle pas du troisième et dernier disque en 1997, « Volume » où l’anglais est abandonné au profit de l’Italien (pourtant leur langue maternelle) et avec une pochette qu’on jurerait signée par le graphiste du coin sur une vieille version de photoshop déjà trop à la ramasse en cette fin de millénaire. Pas étonnant que le groupe ait alors disparu lentement (**).


Retour vers le futur.


Je m’aperçois justement que j’adore trop la version 2024 de Heartquake pour retourner en 1988 avec celle où tout a commencé. Car oui vous l’avez deviné, ce « Heartquake/Redux » est bien ce qu’il est, une revisitation du premier album mais avec un dépoussiérage total au niveau du son, de la production, même de la musique (il y avait des baisses de régime et parfois même des fausses notes dans le disque de 1988 qui semblait avoir été enregistré à la va-vite comme par une bande de potes trop pressés de mettre la sauce). Et la pochette et le livret qui empruntent tant à l’imagerie du metal (la guitare d’ailleurs pourrait sonner Metal à certains moments, à d’autres c’est le chant qui y fait penser) comme de la science-fiction remontent enfin le niveau. Il semble que l’âge et les expériences des musiciens leur ait donné envie de donner toutes les chances à ce comeback et il n’en devient que plus savoureux.


Dès la première écoute c’est le panard, le kiff, enfin avec un bon volume et de bonnes enceintes, on y croit à fond, on réalise et appréhende le pouvoir de ce comeback de vieux progueux qui veulent en démontrer tout en se faisant bien plaisir eux-mêmes et c’est plus que communicatif.


Six pistes qui oscillent entre 4mn (l’excellente The waterproof grave en ouverture aux accents prog & metal) et 9mn (Heartquake qui clôt le disque). L’enchaînement des 3 premières est d’ailleurs redoutable et addictif et on a quasiment envie de se passer en boucle The waterproof grave puis Hellishade of heavenue (ce pont ambiant aux claviers au milieu qui débouche sur la guitare électrique en solo, miam) et enfin Only visiting this planet (et son bruit de réacteur qui clôt la composition en partance pour une autre galaxie). Le reste s’avère très bon, achevant de faire de ce disque l’une des très bonnes surprises inattendues non seulement musicale mais également prog de cette année 2024 et où je reviens régulièrement avec plaisir pour m’y abreuver.


Inutile donc de trop insister sur le fait que si vous aimez le prog et/ou le rock qui regarde à la fois vers le passé (the glorious 70’s) tout en avançant vers le futur, ce disque vous est plus que recommandé.


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(*) Cf Chronique précédente, Viviane Audet, « Les nuits avancent comme des camions blindés sur les filles ».

(**) Même si je pense que leur disparition alors a probablement plus à voir avec l’aspect sociétal et la nécessité de trouver des revenus alors que la démarche musicale du groupe n’apportait pas suffisamment de monde pour sa rentabilité et sa propre survie…




Nio_Lynes
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le 27 juil. 2024

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