"Hours..." avait été une vraie déception, un retour inattendu, après les ambitieux - et réussis - "1. Outside" et "Earthling", à une sorte de pop rock tranquille et pas très inspiré. Disons-le tout de suite, "Heathen", même s'il suit le même chemin, met la barre bien plus haut : des compositions qui se tiennent honorablement, même si l'on est encore loin du génie des années 70-80, évidemment, un chant classieux de crooner post-moderne finalement souvent irrésistible (même si moins de distance - le "problème" habituel de Bowie - serait ici appréciée pour mettre un peu plus de vie à "Heathen"), et, cette fois, une excellente orchestration, sobre et efficace, et une production cohérente et maîtrisée (Thanks, Tony Visconti !). Suivant les goûts de chacun, on tirera du lot l'introduction assez magnifique de "Sunday", le superbe "Slow Burn", enflammé par la guitare de Pete Townshend, ou bien encore "Cactus", une bonne reprise des Pixies, logiquement sans la rage géniale de l'original, ou même la version "grunge" (Thanks, Dave Grohl !) du sensible "I've Been Waiting for You" du Loner (à ce propos, il me semble que peu de gens ont remarqué que "Slip Away" décalquait assez effrontément la mélodie du magnifique "I Believe In You" du même Neil Young). La "seconde face" de "Heathen" descend malheureusement en pente douce vers un final assez fade, offrant une dilution progressive des atouts de la première, et empêchant l'album de bénéficier du statut, atteignable, de "classique mineur" de la discographie de Bowie. [Critique écrite en 2002, et complétée en 2016]