Regarder derrière nous, le sourire aux lèvres et avancer.
Calé au rythme d'un métronome, c'est sans surprise que l'on retrouve The Walkmen avec leur sixième album studio, soit deux ans après Lisbon. Avec Heaven, l'enjeu majeur des New Yorkais était de réussir à apporter quelque chose de nouveau dans leur musique, apporter un vent de fraicheur qui leurs permettraient peut être de se hisser de la sphère indé à laquelle ils appartiennent depuis leurs débuts. De ce côté-là on peut presque parler d'échec, ce nouveau disque n'apporte aucuns changements fondamentaux et ce n'est pas la venue de Phil Ek (Fleet Foxes, The Shins...) à la production qui aura bouleversé le son Walkmen.
Cependant, son travail n'aura pas été vain, il suffit d'écouter We Can't Be Beat qui ouvre le bal pour comprendre que son intervention aura été déterminante. Chœurs et guitares sonnent merveilleusement bien pour accompagner la voix de Hamilton Leithauser. Son chant est toujours aussi unique, il réussit une fois de plus à trouver un équilibre entre la classe emprunté aux crooners d'antan et les éraillements des rockers élevés au bourbon. Au-delà de ça, les éparpillements sont moins de mises, The Walkmen, souvent friand dans cette volonté de créer le chaos grâce à un déluge de guitares et de cymbales, a privilégié un son plus propre et plus clair. Sans être une bonne ou une mauvaise chose, on y voit surtout une façon de se montrer sous un nouveau jour, celle d'un groupe plus paisible et plus mature.
C'est là son principal atout, il y a dans Heaven une plénitude bienvenue qui lui donne une atmosphère estivale, paisible et nostalgique. Si le groupe n'innove pas, c'est parce que l'on aime à penser que ce sixième disque vient clore une époque. Dix ans se sont écoulés depuis leur premier album et on voit dans Heaven une rétrospective de leur travail naviguant entre ballades poignantes, chansons pop entêtantes et titres rock furieux. Le groupe semble regarder derrière soit, une dernière fois, le sourire aux lèvres. Il n'est pas anodin que la chanson éponyme évoque leur passé, à l'image du clip qui retrace toute leur histoire d'un air serein et qui s'achève sur le chanteur allant de l'avant tout en sifflotant.
Sans aucun doute, Heaven est une étape importante dans la carrière du groupe qui aura mine de rien survécu à toute la vague en The, New Yorkaise ou non. Là où beaucoup ont disparu, eux, sont toujours débout et ont réussi à augmenter leur capital sympathie auprès d'un public certes très indés mais qui grandi d'année en année. Fait assez étonnant lorsque l'on voit le peu d'évolution dont ils ont fait preuve durant toute leur carrière, se contentant de composer de bonnes chansons et de les arranger avec une classe indéniable. Popularité des plus étonnantes quand on écoute Heaven qui est une fois de plus un disque exigeant.
Les premières écoutes sont comme souvent chez eux décevantes. Cette sérénité qui traverse le disque laisse l'ennui s'inviter à de nombreuses reprises. Les ballades, qui ne constituent pourtant pas la majorité du disque, gardent toute notre attention. Il y a un rythme de croisière un peu trop pépère qui pourra en rebuter plus d'un. Pourtant, au fil des écoutes, la magie opère nous poussant sans cesse à réévaluer ce disque qui révèle des trésors de beautés insoupçonnés.
The Walkmen réussit donc à signer une discographie quasi-irréprochable sans jamais lasser l'auditeur malgré l'absence d'innovations. Si Heaven marche si bien, peut être est ce parce qu'il pourrait être un très bon épilogue à leur aventure. On souhaite cependant que les New Yorkais continuent longtemps à convoquer notre imaginaire, nous faire regarder derrière nous, le sourire aux lèvres et avancer.
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