Do you know what it means to miss New Orleans?

Il fallait que ce soit ainsi. Il ne pouvait pas commencer à Cleveland, Dallas ou New York.
Louis Armstrong devait naître à La Nouvelle-Orléans, pas ailleurs.


Grandir dans les rues de la "Big Easy", au coeur du bayou, en respirant la moiteur des rives du Mississippi. C'était la seule chance pour un petit-fils d'esclave vivant dans la misère, sans père et avec une mère devant se prostituer pour subvenir à ses besoins. La seule chance de s'en sortir.
A La Nouvelle-Orléans, quand tu erres dans la rue, c'est pas la délinquance qui te guette, c'est la musique.


Alors heureusement que Louis il était par là-bas. Qui sait ce que ça aurait pu donner ailleurs, et surtout, à côté de quoi on serait passés...


En tout cas, lui, il a appris le cornet. Seul, ou presque. Il a écumé les rues avec de petits groupes, travaillé pour une famille juive en hommage à laquelle il portera une étoile de David toute sa vie... Tout ça pour arriver à la trompette.
Pas la peine d'épiloguer sur son enfance, lui-même s'en moque. L'important, c'est la musique.


La musique, pour Louis, c'est pas un boulot, c'est une passion. Puisant au fond de La Nouvelle-Orléans, le voilà parti pour 40 ans de carrière.
40 années au sommet.
40 années à réinventer le jazz.


Il a tout connu. Le big band ? C'est lui. Le dixie ? C'est lui.
Armstrong a presque inventé le soliste en jazz, les joues crispées derrière sa trompette. Il a permis le passage de l'improvisation en groupe, festive et joyeuse à souhait, au jazz moderne avec solistes. Il a développé le scat, le jazz vocal.
Il a accompagné les plus grands, a inspiré les géants. Billie Holiday et Frank Sinatra lui doivent énormément, Duke Ellington l'écoutait autant que possible.


Faisons simple. Louis Armstrong est un des pères spirituels du jazz. Et au-delà de ça, de la musique. Un homme qui a transcendé les barrières raciales de l'Amérique du milieu du 20e siècle, un leader charismatique, un homme qu'on ne peut qu'aimer.


De nos jours, il reste avant tout de lui sa personnalité, sa jovialité, sa voix hors du commun. Et sans qu'on s'en rende compte, il reste dans le répertoire musical sa marque sur une infinité de morceaux. Qu'on le veuille ou non, Louis est là.


Et tout ça vient d'une ville. D'un état d'esprit.
La Nouvelle-Orléans.


Une ville unique. Le berceau du jazz, du blues.
A La Nouvelle-Orléans, on ne respire pas, on ne travaille pas. On chante. On joue. La musique explose à chaque coin de rue, dans chaque bar, au sommet de chaque immeuble. Partout, les gens rient, dansent, aiment. Une ville où les jeunes rêvent d'être musiciens, où Mardi Gras réveille les morts et les convie à un boeuf incandescent sur le delta.


Ce n'est pourtant pas une ville où il est facile de vivre. Mais voilà, peu importent les problèmes, les malheurs, les catastrophes, la joie de vivre est le plus fort ouragan de Louisiane.
La force de l'histoire, de décennies de musique, résonne entre les murs de quartiers étroits et fait passer un instant de magie au-dessus de chaque groupe. Ici, la liberté est une culture, la musique une religion.


Sans en être sûr, je pense que toute la musique vient de La Nouvelle-Orléans.
Inoubliable, remplie de joie, chantante, la ville éclaire le bayou d'un feu vibrant et illumine pendant longtemps le coeur de ceux qui l'ont côtoyée.
Demandez donc à Louis ce qu'il voyait en fermant les yeux, les lèvres vissées sur son embouchure.


Aujourd'hui, Louis veille sur la ville. Il y est revenu, et cette fois, c'est pour toujours. D'en haut, il doit être fier, la tradition continue, la musique vit. Souris, Louis.
What a wonderful town.

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le 11 nov. 2015

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