Alors que l'on pensait les Beastie Boys occupés à se refaire une virginité composite, puisée entre les feuillets de leur magazine (l'extraordinaire... Grand Royal), leurs prises de positions pro-Tibet et dans l'imagerie éclectico-pop de leur label (l'extraordinaire... Grand Royal), ils refont surface en tant que musiciens. Et frappent très fort. Vingt-deux titres composent Hello Nasty, leur nouvel album qui, n'en doutons pas une seule seconde, va être la bande-son officielle de l'été. Hip hop dense, grooves vicieux, bidouillages à la Money Mark (normal, non ?), la quantité des ingrédients, comme d'habitude, impressionne. La qualité ne fait pas, non plus, défaut. L'efficacité prime sans doute mais elle n'occulte nullement la subtilité, l'intelligence et la surprise. Celle-ci est d'ailleurs omniprésente : collages incongrus, morceaux totalement décalés, tels Instant Death ou I Don't Know, fausses ballades et vraies chansons que l'on aurait plus facilement imaginées sur un opus dépouillé de Thurston Moore ou d'Andy Bey. D'ailleurs, même Lee Perry, en guest-star reggae-dub, relégué en fin de parcours le temps du somptueux Dr. Lee PhD, renoue avec les meilleurs moments des productions Black Ark. Toutes ces choses auxquelles les Beastie Boys nous avaient habitués se retrouvent exacerbées dans Hello Nasty, un peu comme si cet album était l'exact équivalent musical d'un numéro de Grand Royal. Structurellement bordélique, foisonnant de trouvailles génialement drôles, de (re)découvertes et d'explosions permanentes de vitalité pop comme la déclamation de Dedication, les dynamiques intersidérales de Intergalactic ou le disco-jazz de Song For Junior , Hello Nasty (comme s'il en était encore besoin...) confirme les Beastie Boys dans leur statut de meilleurs entertainers contemporains, quelque part entre les JB's et Eric B & Rakim. Greil Marcus doit être fier d'eux : ils sont les seuls punks à pouvoir, comme on l'entend à la fin de And Me, "jouer au basket sous la pluie sans se mouiller". (Magic)