Hergest Ridge
7.8
Hergest Ridge

Album de Mike Oldfield (1974)

Moins d’un an après la déferlante tubulaire à cloches multi-platinées (Tubular Bells, pour ceux qui ne suivent pas), le jeunot Mike Oldfield – 20 ans à peine – quitte les échos nauséeux du grouillement citadin pour s’isoler à la cambrousse et plus précisément dans une ferme perchée tout en haut d’un patelin paumé nommé Hergest Ridge. Pour celui qui est devenu de façon aussi surprenante que rapide une pop-star certifiée, un objet de curiosité et de convoitise, celui dont il faut parler dans les soirées branchées, c’est une tentative de retour à la case départ de l’anonymat. En bon phobique pathologique, Mike Oldfield tend à la solitude. Peine perdue. Malgré des tempêtes existentielles lui faisant traverser de terribles crises d’angoisse, l’industrie musicale se tenait à l’affût, prête au sacrifice marketing. Après moult tentatives du mentor plaqué-or Richard Branson, le jeune homme finit par céder aux trompettes de la gloriole. Amicalement.

Alors qu’il est persuadé avoir tout dit, tout donné avec ce satané Tubular Bells, le multi-instrumentiste se voit donc confronté à une nouvelle expérience : composer au-delà de ses cauchemars infantiles, apprivoiser l’inspiration, la folie qui lui tend les bras, faire gicler de nouveaux tableaux, de nouvelles couleurs. Confirmer un barnum instrumental vendu à 16 millions d’exemplaires. Paumé, il s’inspirera du décorum folklorique alentours pour produire l’extension logique, imparable et sépulcrale de son œuvre séminale.

Sur Hergest Ridge, les mélodies flamboient comme des buissons ardents, des réquisitoires balayés par les orages magnétiques, électriques. Instrumentalement plus maîtrisé, ce déferlement sonique pleure sur les foules et n’hésite pas à explorer l’âme et le cœur révélateur de son auteur azimuté. ous voici invités à suivre le fil de mélodies calmes, sereines, barrées ou dézinguées comme cette seconde partie où la superposition de multiples guitares piquées de fureur laisse échapper un solo endiablé à la frontière du mystique.

Une nouvelle fois aux commandes d’une multitude d’instruments, Mike Oldfield épure ses chœurs élégiaques d’une aveuglante beauté. Avec l’écho d’une flûte légère en guise de conclusion, cet Hergest Ridge, raide et faussement apaisé, triomphe du pastel pour devenir le diamant noir incontournable du guitariste.
AmarokMag
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le 8 janv. 2012

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