Antithèse de tout ce qu'ils ont produit à leur début, OPETH revendique son dixième opus comme un nouveau départ. Le titre, Heritage, en dira long sur cette volonté de prendre les choses du passée pour les transformer en une musique « neuve », âpre, radicale, mais non dénué de sens, ni d'influences manifestes. Dans ce rayon, on notera des clins d'œil appuyés à Jethro Tull, King Crimson (« Nepenthe ») et même Deep Purple / Rainbow pour ses parties les plus charnues (« Slither » parfait cadrillage du style Blackmore). Mais de métal il n'est plus question. Pas plus que de growls ou de hurlements à flinguer les ouïes : Michael Åkerfeldt évite méthodiquement les déflagrations, penché sur la mutation de son groupe symbolisée par le remplacement du claviériste Per Wiberg - dommage collatéral de cette nouvelle donne.
Au-delà d'une pochette qui fait coasser dans les couloirs du web, symbolisme à peine dissimulé, kitsch assumé, crossover improbable entre les Beatles de Yellow Submarine et le « triomphe de la mort » signé Bruegel utilisé par Black Sabbath, les suédois avancent dans leurs expérimentations.
Bourré de Mellotron et d'atmosphères poudrées, renforcées par le mixage impeccable signé Steven Wilson, Heritage slalome entre psychédélique, heavy, jazz (« The Devil's Orchad »), folk, petites douceurs (« Marrow of the Earth») et bâtons explosifs (« I Feel the Dark »). Point d'orgue de ce bel album, « Folklore » illustre la créativité d'une musique qui ne pêche finalement que par la relative froideur des sentiments développés.
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