Ça y est, ce coup-ci, Eddy a annoncé qu’il arrêtait les tournées, fatigantes, pour profiter de sa famille. Même s’il donnera encore quelques concerts avec Johnny et Jacques dans le cadre des Vieilles Canailles, il ne veut plus continuer. Et au bout de 50 ans sur la route, on ne va pas lui en vouloir. Cette décision ne signifie pas pour autant que M’sieur Eddy va rester inactif, allongé à rêvasser dans son fauteuil comme on le voit sur la pochette de cet album de 2013. Et on devine que ce fauteuil est diablement confortable ! Non, il nous offre avec « Héros » un album rempli de bonnes chansons (passées inaperçues à l’époque mais les médias sont ainsi dans les années 2000) qui mettent en valeur les héros et héroïnes du quotidien, qui triment sans se plaindre pour gagner peu. Et parmi ces héros, on peut y classer les musiciens, ceux sans qui toutes ces chansons après tout n’existeraient pas. Alors Eddy réunit autour de lui, à Los Angeles et à Paris, une pléiade de musiciens fantastiques qu’il connait souvent depuis des décennies. Sont donc de la partie l’immense Lee Sklar « le Druide de la basse », Steve Cropper, Bill Payne, Booker T. à l’orgue et c’est aussi le retour de Charlie McCoy et Russ Hicks. Quant à la batterie, elle est assurée par Peter Erskine et Vinnie Colaiuta, excusez du peu ! Tout était là pour que ça sonne mais même les meilleurs musiciens ne peuvent pas sauver des chansons médiocres. Et là, le tandem Moine-Papadiamandis se révèle en forme. Aucun « tube » immédiat qui vous scotche au plafond mais l’ensemble se tient parfaitement bien : « La cour des grands », « Léo » ou encore « Le goût des larmes » sont de vraies bonnes chansons. Au registre des adaptations, on retrouve Otis avec « Pour tuer le temps (Dum dum, dee, dee, dum, dum) » (Happy Song) et Hank Williams avec « I'm So Lonesome And I Could Cry » devenu en français « T'es seul, tu stresses, t'es mal ». Au rayon moins convaincant, le duo avec Nolwenn Leroy sur « La complainte du phoque en Alaska » (pour moi, le choix de ce morceau ne fonctionne pas) et la présentation des musiciens (un classique chez Eddy) est faite par Jean Dujardin et là aussi il aurait mieux valu qu’Eddy s’en charge lui-même. Dujardin en fait des tonnes sans être crédible. Laissons plutôt les excellents musiciens qui ont participé à cet album s’exprimer, c’est le plus important. Au final, cet album est passé un peu aux oubliettes dans la vaste discographie d’Eddy mais il vaut vraiment le coup d’être réécouté.