Si on m'avait dit que Bark Psychosis était un groupe post-rock avant l'heure, avec un peu de Talk Talk de l'époque Laughing Stock ("Absent Friend") et un peu de Slint dedans (le spoken-word, la musique murmurée), j'aurais certainement pas mis tant d'années avant de découvrir ce classique.
Hex est de ces expériences musicales si intimistes qu'elles sont intimidantes. La musique y semble incroyablement proche de nous, susurrant ses notes à l'oreille, happant l'auditeur pour l'isoler dans un coin. Sa mélancolie omniprésente - derrière chaque note de piano, chaque note de guitare - est étrangement douce et rassurante, et pourtant le ton n'est jamais complaisant. Le groupe fait mouche grâce à ces arrangements fins et lumineux, ce jeu tout en nuances qui en sept morceaux nous fait changer mille fois de décors, passant du quasi-silence - où le moindre grattement de cordes prend des ampleurs incroyables ("Absent Friend", "Fingersprit") - à la légère euphorie que provoque un clavier nébuleux, anesthésié ("Pendulum Man" où l'on flirte avec l'ambient), le tout soutenu par une batterie légèrement jazzy et ponctuellement accompagné par une voix sensuelle et envolée. Créer des textures aussi riches avec si peu d'instruments tient clairement du génie.