The Beatles Again
Cet album aurait pu être vraiment génial. Malheureusement, les responsables de maisons de disques sont souvent incompétents lorsqu'il s'agit de compiler les chansons de leurs poulains. The Beatles...
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le 26 janv. 2016
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NOTE INTRODUCTIVE: Bien entendu, ce 13ème et dernier chapitre (alors que des rumeurs évoquent la possibilité de l'écriture prochaine d'un chapitre bonus, post-carrière, mais aucune source finale n'est venu confirmer ces bruits) concerne l'album Abbey Road.
Mais parce que l'auteur de ces chroniques a trop de respect pour les presque 50 personnes qui, en leur temps, ont apprécié la critique qu'il écrivit avant même qu'une saga sur la carrière du groupe ne soit simplement envisagée, il ne pouvait décemment remplacer le dit-texte.
L'auteur a donc choisi un album dont la sortie colle à la période décrite, même si aucun des morceaux évoqués ne sont présents.
Bref, vous avez compris l'idée.
John:
Ah, on était en train de faire un nouveau disque ? Non, parce que moi, j'étais persuadé qu'on était toujours en train de galérer sur les sessions de "Get back". Faut dire, les Beatles, moi hein ? A un moment j'ai décidé de quitter le groupe. Je l'ai annoncé aux petits copains, qui m'ont demandé d'attendre, à cause de sombres considérations juridiques, voyez le genre. Du moment qu'ils me laissent l'annoncer en premier quand on aura le feu vert, c'est tout ce qui compte. Les Beatles, finalement, ça restera ma chose, malgré la main-mise de Paulo: c'est moi qui ai créé le groupe, c'est moi qui précipiterai sa fin.
Ma tête est ailleurs, je ne vous le cache pas. N'importe où, tant que c'est loin de ce (qu'est devenu le) groupe. Les Beatles, tu veux une définition ? Une série de réunions interminables où on t'explique comment tu vas te faire niquer. Mais je ne vais pas me faire baiser par des types en costume assis sur leur gros culs à la city.
Moralité, à force d'avoir la tête ailleurs, je me suis fait un joli accident de bagnole, bien comme il faut (qui a dit que j'étais myope comme une taupe ?).
Mes projets, c'est Yoko. On tourne des films expérimentaux (comme un mouche sur le corps nu d'une fille pendant 45 mn, ou un gros plan sur ma bite en semi-érection au ralenti, pendant 42 minutes, ça te la coupe, non ? Présenté à l'institut des arts contemporain en septembre, mon gars !), on sort un single: "give peace a chance", on écrit des poèmes on continue à sortir des disques intimes. Sans la dope, je pourrais presque parler de belle vie.
Mais disons deux-trois mots de l'album tout de même. Vu que ce sera le dernier. Et maintenant que j'ai compris qu'on était sur un projet distinct, qu'on faisait un truc pour marquer le coup.
J'ai écrit que trois morceaux, mais je suis présent presque partout dans les cœurs.
Pour "Comme together", je voulais au départ faire une chanson politique. C'était une commande de Timothy Leary (vous vous souvenez ?) pour les élections de Californie de cette année (69, donc), où il se présentait contre un plouc du coin, un acteur en plus, Reagan, je crois qu'il s'appelle. Mais entre le fait que ce con (Leary) s'est fait coincé pour possession de stups et qu'il ne m'en ait plus jamais reparlé, je l'ai gardé pour les Beatles, en changeant les paroles. J'ai transformé ça en hommage à Chuck (j'espère que ce vieux briscard le prendra bien).
On m'a demandé si j'avais écrit Sun King en allusion à Alan Klein. Why not ?
Par contre, quand je lis que les paroles de "I want you" sont débiles ça me rend fou de rage. Tout mon travail avec Yoko est de simplifier au maximum les choses. Mon but est de trouver un jour la chanson parfaite avec l'usage d'un seul mot ! (comme le poème de Yoko, weather) Bandes de minables ! Confondre simplification et simplisme.
Reste "Beause", un des mes plus beaux bébés (puisque Yoko ne pourra semble-t-il plus jamais en avoir…). Elle était en train de jouer la sonate au clair de lune. Je lui ai demandé de la jouer à l'envers. Paf: Because. Non, on ne "roll" plus over Beethoven, mec. On s'en inspire. Sur les cœurs, je le dis tout net: je ne crois pas qu'on ai jamais fait mieux. Ce serait rigolo de sortir un jour la bande sans les instruments. Vous vous rendriez compte.
Mais il est temps de passer à autre chose. Franchement.
George:
Franchement ? Mes compos valent largement celles des deux autres, à présent. Sans rire.
Je m'incline profondément devant l'arrivée et l'influence d'Alan, notre nouveau manager. Sans lui, va savoir si j'aurai un jour eu droit aux honneurs d'un single… Et ben c'est fait. Et tu sais quoi ? Number one dans le monde, comme les copains ! (quand en plus tu réalises que Something a été écartée du double blanc... Présentée trop tard, soit disant).
L'autre de mes deux compos ne me déplait pas non plus: je l'ai composé dans le jardin d'Eric (Clapton), un matin de printemps, une vraie bouffée d'air entre deux réunions mortelles d'ennuis, qui occupent le plus clair de notre temps, désormais.
Toujours à la pointe des instruments, j'ai utilisé pour la première fois un synthétiseur sur un morceau, sur Maxwell's silver hammer.
Mais "ils" n'en méritent pas plus que deux. J'ai des tonnes de chansons dans mes cartons, certaines même mises en boîte pendant les sessions de ces derniers mois.
Tu vas voir l'album solo que je prépare. Vivement !
Ringo:
Tiens, entre deux réunions, si on plaçait une petite réunion ? C'est super d'avoir créé cinquante divisons d'Apple, mais le problème derrière, c'est qu'il fait gérer tout ça (pour te dire, ils ont même imaginé Zapple, pour les musiques expérimentales). Le pire, ce sont tous ces démêlés juridiques pour déterminer ce qu'on doit toucher les uns et les autres à chaque fois que l'un d'entre nous publie quelque chose dans son coin. Je te le dis: on est pas sortis de l'auberge. M'est-avis qu'on en a encore pour quelques années de ce côté-là !
T'as qu'à voir ce dernier album, si t'écoutes les paroles, tout est sous le signe de la frustration: négos juridiques, dettes, mauvais karma, monde à porter sur ses épaules, et quand tout va bien, bang bang, un marteau d'argent vient tout foutre en l'air.
Moi, j'ai essayé d'apporter une petite touche légère, en faisant un Yellow Submarine 2. George m'a aidé. Il m'a fait plein de compliments sur ma composition. Il est gentil, ce George. Marrant de voir que je suis celui, finalement, avec qui les trois autres restent potes alors qu'ils n'arrivent presque plus à parler entre eux.
Et tu sais quoi ? J'ai joué un solo de batterie ! A la fin du medley ! Le premier de l'histoire du groupe ! Yeee haaa !
Je viens d'apprendre qu'il se serait perpétré un meurtre horrible en Californie, et que le malade à l'origine du truc, Charles Manson, se serait largement inspiré des paroles de notre album blanc. Affreux. Tu parles d'une influence sur le monde ! On fait dire n'importe quoi à tout ce qu'on dit, écrit ou compose. Le peace and love n'est qu'un lointain souvenir.
S'arrêter ? Je ne vois plus comment on pourrait faire autrement.
Paul:
Bien sûr que "you never give me your money" est pour Apple et sa cohorte d'avocats. Mais j'ai essayé de faire dans le plus léger aussi. Prenez "she came into my bathroom window". Si c'est pas un hommage tout mignon à nos trognons de pomme, ça ? Hmm ? Nos trognons de pomme ? Toutes ces filles qui font le pied de grue devant les studios, nos maisons, depuis des années. Oui, certaines sont entrées chez nous. On est devenu copains avec certaines, on en a embauché d'autres.
On m'a déjà reproché d'avoir fait le choix de la photo de la pochette, où on voit les trois autres marcher au pas. Ha ha, on va parler de geste inconscient, alors ! Je vous jure que j'avais pas fait gaffe. De même, on m'a aussi fait remarquer que le fait d'avoir placé un petite ritournelle en fin de disque après le logique "the end", était une façon de montrer que je voulais continuer, poursuivre dans mon coin, l'aventure.
Ça n'a rien a voir, et je vais vous expliquer.
Au départ, "her majesty" était dans le grand medley de la deuxième face, entre "Mean Mr. Mustard" et "Polythene Pam". Puis on a décidé de l'enlever et j'avais même demandé à l'ingé-son de la jeter. Mais comme il avait reçu l'ordre (de George Martin ?) de ne jamais rien jeter, il l'avait placé après le dernier morceau. En tombant sur ce montage surprenant, j'ai décidé de le garder tel quel. Ça dédramatisait un peu le dernier morceau du dernier album du groupe (parce que oui, il n'y en aura pas d'autre, désolé les gars). C'est pour ça qu'on entend la dernière note de Mean en intro et la première de Polythene à la fin. Le seul truc dommage, c'est qu'on amoindrit la portée de la dernière phrase du disque, sur l'amour que l'on reçoit et que l'on rend. Ça bouclait bien la boucle avec nos début et Love me do. Ça donnait une idée de notre parcours et de notre évolution. Même John a trouvé cette phrase bien plus profonde qu'il n'y parait. Pour qu'il me rende un hommage, par les temps qui courent, il en fallait !
Ce medley final sera ma dernière grande fierté Beatles. Si tout le monde à participé, ça restera une de mes contributions majeures à l'histoire du groupe. Une de plus. Que tu aimes ça ou non.
Bon finir, je dois avouer que je suis en train de vivre ce qui est sans doute la période la plus sombre de mon existence, avec nos imbroglios juridiques et financiers, qui auront finalement eu raison de nous. Comme d'habitude depuis deux ans, il faudra bien que quelqu'un prenne les décisions pour les autres, même si elles sont terriblement difficiles à prendre. Le poids du monde sur les épaules, parfaitement. Ce sera bien à moi, encore une fois, de me le coltiner. Les autres, depuis trop longtemps, ne pensent plus qu'à leur gueule.
Quelques jours après la sortie du disque, un fêlé (un de plus) sur une radio américaine m'a annoncé mort. Depuis, ce ne sont que des déchainements d'annonces d'indices dans nos paroles, sur nos pochettes, dans nos interviews, pour accréditer cette thèse ridicule.
Hé, entre nous… Si j'étais mort, je le saurais !
(Retrouvez l'intégralité des chapitres de la saga ICI !)
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les Beatles, une histoire en 13 chapitres
Créée
le 22 oct. 2013
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