Kiss my Frankenstein

Alice Cooper est l'un des rares artistes que j'écoute encore depuis mes débuts à écouter du Hard/Metal. On ne présente plus Vincent Furnier, homme de spectacle qui tient encore debout après des décennies de carrière, avec une scénagrophie halloweenesque hors-norme et une discographie longue comme le bras. Les vieux de la vieille vous diront que ses meilleurs disques datent des années 70, avec Killer et Billion Dollar Babies. Si je trouve ces albums réussis, je ne partage pourtant pas ce point de vue. J'ai découvert Alice grâce à un clip vidéo de 1991, tiré de l'album qui est pour moi son meilleur.

Hey Stoopid est le dix-neuvième album d'Alice, qui sort en été 1991. Il est le quatrième d'une série de disques aux sonorités Glam baignants dans une esthétique de films d'horreur. Si Constrictor de 1986 était correct, j'ai plus de mal avec Raise Your Fist and Yell et Trash, très ancrés dans le Hard FM simpliste du milieu des années 80. Mais Hey Stoopid est celui qui s'en tire le mieux, avec une instru excellente et des hymnes à vous faire brailler, c'est le point culminant de cette période où Cooper était la rockstar la plus maléfique qui soit avant l'arrivée de Marylin Manson dans le game.

Qu'est-ce qui rend ce disque meilleur que les autres ? Je pense que la présence de musiciens vedettes n'y est pas pour rien. Slash, Joe Satriani, Nikki Sixx, et même l'Ozzman vient faire coucou. Des musiciens que je n'apprécie pas forcément en temps normal, mais qui apportent ici une vraie puissance. La guitare et la batterie sont vraiment lourdes, et les claviers ont un vrai cachet, et ne sont pas juste là pour faire joli de temps en temps. Sans oublier la voix du chanteur, grinçante, prédatrice mais si charismatique. C'est plus du Hard Rock FM mais bien du Glam Metal qui cogne dure et qui frappe fort comme un serpent qui attaque quand on s'y attend le moins. La preuve, écoutez le riff de Snakebite, les véritables ondulations d'un anaconda !

Les textes aussi ont quelque chose de très puissant. Vous allez me dire que les paroles de morceaux de Glam Metal ne sont pas réputés pour leurs qualités lyriques. Mais Alice Cooper n'est pas là pour venter les qualités de ses groupies ou de son succès. Si dans les années 70 il chantait sur la violence conjuguale et la mortalité infantile, il garde ses thématiques fétiches vingt ans après. Chaque morceau a beau être une hit machine capable de faire trémousser les morts, les chansons parlent du mal-être de la jeunesse, du suicide, de l'amour toxique et de la solitude...et un peu de sexe avec des monstres aussi. Quand j'étais ado, les paroles de la chanson titres résonnaient dans ma tête comme un hymne à la révolte qui me donnait envie de foutre le feu à cette ville grise et moche qui m'entourait.

This ain't your daddy talkin'

You know, I know

Your story ain't so shocking

You know, I know

Blow some steam

C'mon and scream

Rappelons quand-même qu'à l'époque de la sortie du disque, le vieux brigand a déjà 43 ans. Ringard ? Même pas en rêve ! L'âge c'est dans la tête, et ce cher vieux Alice saura toujours faire vibrer les ados révoltés en manque de rock'n'roll.

Cette ambiance à la fois festive et glauque est typique de la discographie du bonhomme, mais elle atteint son pic avec ce disque. Sensuel et vicieux (Dangerous Tonight, Feed My Frankenstein) mais aussi romantique et déspespéré (Burning our Bed, Might as well be on Mars), les regrets de la jeunesse (Hurricane Years est l'une des meilleures chansons pour décire l'adolescence) c'est un disque fort, qui entre deux soli endiablés vous chope avec des refrains entraînants comme sur un rollercoaster émotionnel.

I'm on the roof and I'm starin' at the stars

Lookin' down at all the cars

I can see you

In the window of your favorite corner bar

But to reach you is just too far

And I might as well be on mars

Véritable juke-box pour une soirée horrifique entre amoureux, Hey Stoopid est un disque pour lequel j'ai beaucoup d'affection, mais que je pense sincèrement être l'un des meilleurs disques d'Alice Cooper. Comparé à d'autres albums de Glam ou de productions des années 90, ça n'a pas trop mal vieilli, c'est même catchy à souhait ! Je ne peux que vous le recommander, c'est un élixir de jouvence culte et indémodable !

Ah, et regardez la scène du concert dans Wayne's World, c'est simplement magique.

TOP 3 : Love's a Loaded Gun, Feed my Frankenstein et Dangerous Tonight