Il arrive souvent dans la musique que le créateur se fasse vampiriser par son ou ses producteurs.
Le plus souvent ça a donné des disques hybrides, des monstres à deux têtes. Un Leonard Cohen de son vivant ne s'était d'ailleurs jamais vraiment remis de sa brève collaboration avec Phil Spector le temps d'un album.
Ici à moins forte densité, le cas semble se reproduire.
Première écoute : Ah tiens il est pas mal ce disque de Massive Attack.
Ah tiens non c'est un Terry Callier. Produit par Del Naja. Ah oui, ça explique bien des choses. Comme cet habillage (enrobage) de nappes diverses (jolie flûte en fond sonore sur "Sunset Boulevard ") et de percus qui nous ramènent délicieusement à Blue Lines et Protection.
Passé un petit temps d'adaptation (pas facile d'adopter chez soi un chien à deux têtes hein), on se rend compte que même inégal, l'album garde une profonde sympathie. Dans l'ensemble les morceaux sont souvent chouettes. De sa voix devenue rauque et moins chaude que par le passé (remember le chef d'oeuvre "What colour is love ?") mais toutefois toujours alerte, le regretté Callier n'a plus rien à prouver.
Et charme encore.
C'est quand il n'y a plus que la voix de Terry et sa guitare que la magie du passé soudain nous effleure à nouveau (je pense aux dernières pistes). Mais la magie récente ne manque finalement pas de charme non plus à vrai dire...