Autant Beau Repaire était lumineux, autant Higelin 75 est sombre et, désolé de l’affirmer si vite, plutôt raté. Sorti un peu plus de trois ans après Beau Repaire, il réunit l’équipe de réalisateurs de cette dernière décennie (Edith Fambuena, Rodolphe Burger, Dominique Mahut), qui mise beaucoup sur la spontanéité de l’artiste. Au dépend des chansons, qui paraissent souvent inachevées, un peu poussives, et de la voix, qui est souvent brouillon, pas assez travaillée. Le début de l’album est pourtant prometteur, avec les très belles mises en musique de "Elle Est Si Touchante", "L’Emploi Du Temps", et "J’fume", et des textes plutôt bien ficelés. Mais les suivantes sont décevantes, avec des musiques qui relèvent plus de l’ambiance que de la véritable composition, et des paroles qui laissent franchement indifférent, avec un usage d’injures à outrance, et sans propos ("Loco Loco", "Habla Quoi?", "A Feu Et A Sang"). La petite chanson de cow-boy "Lonesome Bad Boy" n’est pas mémorable non plus. On reprend un peu d’intérêt sur "Le Monde Est Fou" et sa critique burlesque d’une société malade, mais le final "A Feu Et A Sang" nous achève complètement. Même si on peut saluer la performance d’un morceau de 21 minutes enregistré en conditions live et partiellement improvisé, le résultat est un déversement de haine et de non-sens où on ne reviendra pas deux fois (j’ai essayé). Non, Jacques, t’es pas tout seul ! Reprends-toi ! Ça ne peut pas être ton dernier mot. Arrête de conchier la vie, transcende ta colère, et ressers-nous un coup de tendresse pour le suivant.