Dans un instant en totale suspension du temps, Neil Young couche sur acétate quelques unes de ses plus belles compositions, ici acoustiques.
Débarrassées de superflus overdubs, il est proprement sidérant de réécouter aujourd'hui Pocahontas pour ressentir la fragilité de Neil Young au sortant d'une période dark (sa trilogie du "Ditch") mais musicalement fabuleuse. Fragilité ou plutôt émotion, à votre convenance, ici Powderfinger laisse de côté son approche épique du récit, à la base découvert sous un déluge électrique définitif dans Rust Never Sleeps, pour laisser place à une histoire tragique narrée au coin du feu.
L'album beigne dans une étrange atmosphère où l'on imagine, un soir d'août, le coucher de soleil au loin, l'odeur de bois humide dans le chalet où Neil enregistra en solo et coucha plus tard en une nuit seulement quelques unes de ses plus touchantes compositions.
En la jouant à Bob Dylan, "Hitchhicker" sera vue par ce dernier comme "an honest song". Ne pensons pas "honnête" au sens juste passable, mais plutôt pleine d'honnêteté, autobiographique et témoignage historique d'une période où Neil Young était absolument au sommet, et probablement le plus grand rockeur des années 70. Son importance pour toute une génération de zicos et d'amateurs de rock reste aujourd'hui encore incontestée. Peut-être à la hauteur de la postérité des Rolling Stones et de Dylan. Il y en a guère plus aujourd'hui qui peuvent se targuer d'avoir autant influencé leur génération, tout en étant d'une délicieuse et très touchante discrétion.