Eels est, avec Wilco, un des derniers groupes dont je suis avec attention l’activité. Sans doute mon groupe actuel préféré. Un de ceux dont je me sens obligé d’acheter toute la discographie, tellement la confiance règne et qu’être déçu n’est même pas concevable, en toute objectivité bien sûr.
Ça faisait une plombe que j’avais envie de faire la critique de cet album qui, en 2009, marquait le retour du groupe après quatre ans de silence radio, leur dernier album studio, le merveilleux, inspiré et double « Blinking Lights and Other Revelations », datant de 2005.
« Hombre Lobo » est le premier opus d’une trilogie comprenant également « End Times » et « Tomorrow Morning », tous deux sortis en 2010.
Merde alors ! Trois albums d’un de mes artistes préférés (oui, parce que Eels peut se résumer à un seul homme : Mark Oliver Everett, leader et fondateur du groupe, mieux connu sous le pseudonyme de E) qui sortent en un an et demi de temps, vous imaginez mon état ! Je ne répondais plus de rien ! Et dans la foulée de cette trilogie, deux tournées mondiales qui m’auront permis de le voir trois fois en salle sur un an, dont un concert inoubliable au Paradiso, salle mythique d’Amsterdam.
Bon. L’album ?
Ça commence fort avec les deux premières chansons. Prizefighter : Bordel de merde ! Si ce titre d'ouverture ne vous démange pas au point de sauter en l'air sur les divans de votre salon, courez vite chez votre médecin, car vous êtes probablement atteint d'une maladie grave ! C’est brut, c’est quatre bêtes accords parsemés des cris d’Everett saturés à mort et ça suinte le rock ‘n’ roll comme jamais : im-pa-rable ! Le second titre, That look you give that guy, est une magnifique ballade qui vous ferait chialer un mec qui a l’alcool joyeux. Un sacré contraste. Visez-moi plutôt ce refrain :
“That look you give that guy, I wanna see...
Looking right at me.
If I could be that guy, instead of me...
I'd never let you down”.
Le clip est cool aussi et plein d’humour (http://youtu.be/P1XLloZEV00).
Tant qu’on parle de ballade, E excelle dans ce domaine et le démontre encore avec In My Dreams. La mélodie à la guitare et la pedal steel en fond vous transportent, tout simplement (http://youtu.be/qoqZOR9DTi4). Vient ensuite Tremendous Dynamite, et je vous assure qu’elle porte bien son nom. Eviter de la foutre à fond si vous voulez garder vos enceintes intactes, ça sature un max !
Le premier single de l’album, Fresh Blood, est sympa sans être le sommet de l’album, la batterie en avant me gêne et fagocite le tout. Mais c’est une toute autre histoire en live ! Voir Everett avec son immense barbe crier comme un loup sous des stroboscopes, ça vous reste gravé en tête pour longtemps. Je vous offre le clip qui, il faut le préciser, est réalisé par un des fils du Zim, Jesse Dylan (http://youtu.be/je1MNYcAFr8 ). Fallait bien que je parle de Dylan à un moment donné...
Après le nerveux What’s a Fella Gotta Do et le monotone My Timing is Off, vient All The Beautiful Things, une ballade made in Eels : guitare, violoncelle, xylophone. Bizarrement, elle détonne un peu par rapport au reste et aurait totalement trouvé sa place sur l'album Daisies of the Galaxy.
L’album se termine sur un superbe enchainement. Beginner’s luck, entrainante avec ses couplets ska et son refrain pop-rock pêchu, le genre de titre qui vous met de bonne humeur au réveil. Et pour clore le tout, une ballade (vous ai-je déjà dit qu’Everett excelle dans ce registre ?) dépouillée, magnifique : Ordinary Man. Chanter la solitude, c’est sans doute ce qu’il fait de mieux.
Ce qui est remarquable avec cet album, c’est un retour à la simplicité des arrangements (guitare, basse, batterie), ce qui lui donne peut-être un côté plus immédiat, mais pas moins efficace et encore moins lassant au vu de la qualité des compositions. Un beau mix de chansons entrainantes, parfois rugueuses, brutes, et de ballades mélancoliques. En fait, Hombre Lobo, l’écouter revient à savourer un cornet de glace chocolat-vanille : un mélange harmonieux de puissance et de douceur.
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