Une leçon d'anatomie musicale à l'islandaise.
Des percussions comme un cœur battant la chamade, Des violons tendus comme des nerfs toujours prêts à se rompre. Quelques vents comme autant de souffles tantôt apaisés, tantôt d'asphyxie. Homogenic est une œuvre intégrale, maîtrisée de bout en bout, d'une cohérence prodigieuse.
Cocktail de sons des quatre éléments, la musique de Björk se fait parfois aérienne, parfois marine, souvent terrestre et parfois brûle comme de l'étoupe.
10 pistes et autant de moyens de se perdre sur des sentiers tortueux.
La course poursuite haletante de Hunter s'apaise, comme en haut d'un volcan dormant sur la vibrant Joga. Puis, on glisse vers le port, dans l'onde bleue de Unravel. Mais la terre n'est pas loin, et avec elle le dédale des forêts, mirage magique de l'intense Bachelorette. Déjà la nuit tombe et un ballet de lumières électriques vibrent sur All neon like. Matin énergique sur 5 years, suivi d'une ballade au fil de l'eau, mâtinée de mélancolie sur Immature. Le soleil est haut, on est au sommet d'une montagne et tout crie, tout danse sur Alarm call. C'est le déchaînement qui s'installe, la folie, l'ivresse : Pluto est une décharge électrique, un hurlement du vent et des roches. Enfin, le calme revient, dans quelque palais de verre et de métal brillant, All is full of love est la conclusion parfaite, les dernières notes d'une odyssée magique dont seule la fée islandaise a le secret.