Pour le moment, chacun y va de sa critique en forme de message de soutien à Cantat, arguant qu'il faut oublier l'homme et ne voir que l'artiste. Mais pourrait-on aussi oublier Cantat lui-même pour ne plus voir que Détroit? Recadrons un peu les choses, avec la prétention de celui qui veut prendre le rôle de critique plutôt que de supporteur.
Puisqu'on ne pourra pas échapper au jeu des comparaisons ni nier le bagage musical du frontman de la formation, qui se pose clairement en héritière de Noir Désir, disons d'emblée que Horizons propose peu ou prou une suite de déclinaisons du morceau Septembre en attendant (666.667 Cub, 1996) : la musique de Détroit est chaleureuse, comme une mer du sud chaude et calme, rarement agitée par quelques remous (Le creux de ta main), trop uniforme peut-être. La qualité des compositions est là, mais pas la nouveauté ni la variété, ou alors discrète. Le chant suit à peu près le même constat.
Côté paroles, on oscille entre poésie bancale ("ça m'amuse que tu sois ma muse, dis moi si ça t'amuse", sur Ma Muse, ce n'est pas convaincant) et joli choix de mots, bien que d'une façon générale la signification des textes reste assez abstraite. Bien sûr, chacun verra midi à sa porte et les habituels amateurs de rébellion pourront toujours interpréter cela comme un message de résistance.
Horizons, finalement, c'est un album aux compositions sympathiques mais absolument pas extraordinaires et toutes assez similaires, parfois bon (Sa majesté), parfois non (le plus brutal mais aussi plus banal et tirant sur le médiocre Le creux de ta main). Pas d'innovation, pas d'expérimentation, pas d'autre ambition que de contenter les fans de Noir Désir/Bertrand Cantat. Et pourtant ces derniers avaient composé le morceau L’europe (Des visages, des figures, 2001). Notons cependant une très belle reprise de Avec le temps.
À l'intention des fans : gardez-vous d'être fan, c'est mon meilleur conseil.
https://www.youtube.com/watch?v=cMFJsRKCSBc
5, c'est sévère, mais peut-être pas injuste.
(PS : désolé pour le titre)