Temples n'est pas un groupe qui se trouve dans une bonne situation en 2019 : leur premier album, "Sun Structures", avait été bien reçu par la critique, mais s'était avéré très "scolaire" dans son exploration respectueuse des codes de la pop psychédélique anglaise des seventies, et les avait fait classer dans la catégorie peu enviable des suiveurs, loin derrière Tame Impala qui labourait les mêmes terres, mais avec une contemporanéité enviable. Malgré le soutien improbable de Noel Gallagher (sans doute séduit par des mélodies très classiques entre Barrett, les Beatles et les Byrds) "Volcano", leur second effort, très inspiré mais marquant un tournant radical en termes de production puisque louchant vers un synthétisme ultra-commercial, fit un flop. Efficace mais finalement peu marquants sur scène, en dépit du charme de James Bagshaw leur valant un public féminin enthousiaste, Temples se retrouvent donc, arrivé le temps du "décisif troisième album", bien perdus.
"Hot Motion" déçoit un peu, aux premières écoutes, tant il témoigne de l'indécision du groupe, réduit désormais à un trio avec le départ de son batteur, quant à sa future orientation : cet album, c'est un peu la poursuite des tentatives pop commerciales de "Volcano" en revenant au son du premier disque. Bref, ça ressemble diablement à un compromis "marketing" pour essayer de retrouver le succès éphémère des débuts du groupe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'enthousiasme critique est modéré - il faut lire pour le croire la chronique assassine de Pitchfork, mais cette haine pour le groupe n'est peut-être pas un si mauvais signe... -, et que l'on a effectivement du mal à comprendre ce que Temples peut apporter à terme à la musique, hormis le charme délétère de mélodies bien troussées et accrocheuses, déployées dans un décorum un peu usé, et parfois même assez pompeux.
La piste du glam rock est exploitée avec un certain panache dans le très caricatural - et très plaisant pourvu qu'on se souvienne avec nostalgie de Slade, Garry Glitter et consorts - "The Howl", ou dans un "Step Down" T-Rexien en diable... Mais c'est éternellement aux mêmes recettes psyché que reviennent Bagshaw et consorts, parfois avec brio ("Context" bat Tame Impala sur le terrain mélodique...), mais sans éviter un certain sentiment de redite, voire d'une sorte de "maturité" du groupe qui s'apparenterait surtout à un manque de flamme. Et d'idées nouvelles.
Bref, il faut souhaiter que Temples réalisent qu'ils sont dans une impasse, et que leur quatrième album, s'il existe un jour, soit celui de leur réveil. Sinon, ils risquent bien de ne guère laisser de traces dans nos mémoires... hormis celui de moments agréables passés à chanter leurs mélodies scintillantes (... ce qui n'est peut-être pas si mal que ça, en fait !)...
[Critique écrite en 2019]
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