Hounds of Love
7.9
Hounds of Love

Album de Kate Bush (1985)

   J’ai décidé de me faire un cadeau, et d’écouter un disque que j’aime. Je me demandais si cet album me ferait toujours autant d’effet qu’avant. Je l’aime. Il faut que je m’explique cette folie furieuse, ce romanesque sans littérature, cette écriture marginale, une qualité d’écriture sans commune mesure dans l’univers de la pop contemporaine, en plus. D’où ça sort, tout ça ? D’abord il y a l’aîné : Running Up That Hill. Un album-photo à lui tout seul. Original comme 99,99 % des  titres de l’album. Un de mes morceaux préféré de tous les temps. Je l’écouterais en boucle sans m’arréter. Romantique et électronique, mâle et femelle ( ?) audacieux, inspiré avec la tête dans le ciel, à jouer avec une orgue électrique. Des contrechants derrière. Uniques. Quand j’écoute ce morceau, je suis prêt à croire de nouveau en Dieu, et à faire un pacte avec lui. Je redeviens un enfant. If only I could… Une maîtrise orchestrale qui m’envoie sur les hautes cimes. Un texte beau…Tous ces sons étranges, et ce deal fait avec l’être suprême, indéfinissable essence……. Yeeees ! Une prêtresse celte, dans le monde formaté de la pop électrique. Ça devait arriver. C’était écrit. Quelque soit les excentricités de la dame, et son timbre perçant comme une aiguille, son phrasé dansant comme une licorne dans son île, ça devient magique.  


     C’est un album plus accompli que : The Dreaming, disent certains. Question de goût. Je les trouve aussi accomplis l’un que l’autre, moi. Une proposition de dingue. On a les deux pieds bien ancrés dans la terre, la boue, en plein cérémonie païenne,  on danse, jusqu’à n’en plus pouvoir. Le souffle de vie : Jig Of Life. Et on passe de la terre à la lune, sans prévenir ! Dans la navette spatiale de la mission Appollo ; le trip, le pied ! Hello Earth…Culottée la dame ! Et tout se tient. Aucun collage, pas de hasard. Un concept-album en deux parties, un film qui se déroule sous nos yeux. Petit aparté, ouvrez les guillemets :


      Ma cousine me disait un jour d'antan de ma vie d’ado : « Un garçon qui aime Kate Bush ? Mais c’est de la musique de filles ! » N’importe quoi. Aussi bien rythmée de la musique de filles ? Impossible. Un tube comme, The Big sky, qui finit par la fin du monde, et un tremblement de terre, musique de filles ?? Musique de ceux qui ont du goût dans les oreilles, oui !  Fin de l’aparté. Un crescendo de timbres, de mots, de cris, de percussions très…flamenco ? D’où ça sort ça ?  Une bousculade vocale, capharnaüm de guitare, et de voix. Pas de doute, on a un sérieux client sur notre platine. Un des rares albums de l’époque, qui a eut un statut immédiat d’œuvre d’art à part entière. On ne sent aucune contrainte, et voit une grande liberté d’expression. On n’utilise pas les chœurs comme « ça », sur un album de pop « normal ». D’autant plus que là, ça marche à tous les coups ! Ils sont toujours là où on ne les attend pas... Tout est lié comme la matière, et les teintes d’un tableau, avec la sensualité qui déchire. Argh ! Je ne le savais pas, mais le travail a été, pour une bonne part, réalisé en home studio, puis livré à la maison de disque, presque fait maison, pourrait-on dire. Ça explique beaucoup de choses, d’accord...


    Un bon coup de pied au cul ! Cloudbusting. Encore une fois. Je prends : Un Bon Coup De Pied Au Cul. Cloudbusting. Dramatique,  lyrique, avec un je-ne-sais-quoi, une étincelle, qui magnifie le charme naturel des mélodies de la diva. Cette voix sur les hauteurs, ça fait partie de son charme, mais il n’y a pas que ça. Un talent d’ auteur compositeur aussi accompli, ça ne s’explique pas toujours. Cloudbusting, marche militaire qui se termine par l’arrivée d’un train en gare…euh. Arrivée en gare de la Ciotat, peut-être ? C'est juste pour faire une autre digression picturale. Quand t’écoutes ça, ça fourmille d’images dans ta tête. C’est presque magique. Kate c’est un peu les Beatles en pleine forme, qui ont avalés Frank Zappa, toute seule. Rigueur et imagination, aucun fouillis, sinon déformations voulues, à la Caravagio,  ou structuré sans peine, collage.


    Un slow pas comme les autres, tiens ! : Mother Stands For Comfort, qui m’a toujours donné la chair de poule. Je ne sais trop comment, ni pourquoi. Cette entrée en matière, tout en douceur. Ce clavier…Cette basse ! Chaque morceau est plus étonnant que le précédent. Un petit génie, qui elle, embrasse la technologie, comme on embrasse une poupée, s’en fait une ceinture, et on s’envole au pays des rêves étranges, tenu par le cœur, et les tripes. Et je ne sais pas comment elle fait. Ses synthés (1980), ce Fairlight, tous ces instruments devraient sentir le moisi depuis longtemps. Honnêtement ça devrait sonner terriblement daté avec le temps. Non. Une collection de  sons futuristes qui sont passés de mode depuis, restent hors mode à mes oreilles. Cet album, vingt ans que je l’ai, et à chaque écoute, je reste toujours baba. Tout semble étonnement moderne. Son piano on dirait qu’il conserve quelques vestiges, les traces d’un passé classique, mais qui s’est noyé dans la pop-rock à la Lennon-Mc McCartney depuis. Sauf que Kate à une rage créatrice anté-mélancolique, une grâce, que les leaders du fab four n’ont pas. C’est toujours très trop propre sur soit chez eux.  Arrangements savant de dentelle électrique, qui a fait école ; vu les artistes pop même majeurs, qui la citent ou la copient, on peut parler d’album iconique. Et ce n’est pas finit. Under Ice, le morceau où la tension est la plus forte. L’émotion la plus à fleur de peau. Là où le propos est le plus ouvertement explicite…Quelqu’un est en train de se noyer. Fin de la première partie.


Hounds Of Love part II:


       Comment passer de l’enfance de l’Art, la joie presqu’enfantine de créer, l’envie de parler avec Dieu. Puis passer à la peur de la mort, (tout simplement), et faire un morceau  aussi fun ? (la joie d’être toujours en vie ?). C’est elle. « It’s me. It’s meeee….. » La voix se noie dans l’écho. Á n’en plus finir. Elle se noie dans l’espace, dans la musique ? Métaphore ? Drame sublimé ? Expérience vécue, traumatisme du passé qui ressurgit d’entre la mort ? En tout cas la musique l’emporte. Et on continue la ballade. Walking The Witch mélange détonnant et stéréophonique. Planant comme un chant de sirènes. La musique l’emporte. Pas de doute, et tous les éléments sont convoqués. Et des baleines chantent pour accompagner le, ou la noyé(e). It’s meeeeeeeee…Et des dauphins rigolent…


   Superbe contrebasse qui mène la ballade sur Watching You Without Me, quand même ! Hounds Of Love, le genre d’album que j’aime pour son manque de faiblesse. L’absence de morceaux dits : (de remplissage). Chaque morceau aussi riche et vivant que le précédent. Et surtout inspiré. Et les violons sont bien déterminés derrière. Yes ! (encore). Ça à l’air tout simple, pourtant. Mais ça ne l’est pas. Lumineux malgré tout, pas chargé du tout. L’auteur-compositeur-diva suprême de la pop, nous a offert, a un joyau de plus à son actif. Il est des albums que j’écoute deux ou trois fois de suite sans me lasser. Et je ne devrais même pas me poser la question de savoir pourquoi je les aime. Hounds Of love fait partie de ceux-là. Enjoy!

Angie_Eklespri
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Créée

le 12 janv. 2016

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Angie_Eklespri

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