3 années après un premier opus de très bonne facture, Local Natives revient sur le devant de la scène avec son nouvel album Hummingbird. Petit cours de culture générale d’abord (bah oui, y’a vraiment de tout sur le Dedale…), “Hummingbird” signifie littéralement “oiseaux-mouches”, vous savez ces oiseaux de la famille des trochilidés plus souvent appelés colibris et connus pour leur petite taille et leurs battements d’ailes rapides (merci Wiki)… Si vous tombez dessus au Trivial Pursuit, vous me remercierez !
Bref, après un premier album intitulé Gorilla Manor (le manoir du gorille), nos quatre Californiens de Los Angeles (qui furent cinq il y a peu) ont décidé de rester dans le registre animalier avec ce titre dont vous connaissez tout dorénavant. Connus depuis leur premier disque et quelques excellents morceaux dont Wide Eyes, Airplane ou Camera Talk, c’est avec une impatience toute légitime que j’attendais ce second disque disponible depuis fin janvier.
Après l’amuse-bouche Breakers -premier titre dévoilé qui a fait le tour de la toile musicale il y a trois mois maintenant- le groupe semblait déjà confirmer ses bonnes dispositions avec un son toujours aussi caractéristique, reconnaissable entre mille. La pop/rock du quatuor est toujours là tout comme la voix si atypique de Kelcey Ayer. Local Natives fait partie de ces groupes qu’on arrive à distinguer dès les premières notes de gratte(s) à l’instar de formations contemporaines telles Bloc Party, Arctic Monkeys, Vampire Weekend ou Foals et plus anciennes telles U2, Queen ou The Cure, permettant au groupe d’apposer sa signature à chacune de ses compositions.
Avec Hummingbird, ne vous attendez pas nécessairement à un Gorilla Manor bis. En effet, alors que quelques morceaux du premier opus nous trottaient immédiatement en tête après une première écoute, les titres du second album semblent moins accessibles de prime abord. Le groupe nous offre une orchestration plus pointue où claviers, grattes et percussions, … se relaient avec brio. Les Américains s’aventurent ici dans un registre plus “froid” et lent lié au décès de la mère d’un Kelcey Ayer au sommet de son art sur ces nouveaux morceaux.
Les onze titres concoctés par les Californiens mêlent douceur et anxiété. Ayer se sert de l’album comme exutoire à son chagrin et ses doutes. Les paroles très intimes de certaines chansons rendent l’auditeur sensible à la peine du leader de Local Natives, prenez pour exemples le morceau introductif You And I, Mt Washington où Kelcey Ayer semble s’auto-convaincre de passer outre sa peine (“I don’t have to see you right now”) ou encore le poignant Columbia joué au piano (“Every night I ask myself, am I giving enough?/ am I loving enough ?”).
A contrario, la chaleur du chanteur incisif se ressent sur l’excellent Heavy Feet, Breakers, Black Baloons et le génial Wooly Mammoth avec son refrain entraînant et ses percussions dansantes. Bowery ponctue un album sur des notes plus aiguisées, l’orchestration se veut plus franche, plus pêchue. Ayer termine néanmoins le titre sur des paroles qui caractérisent bien l’album finalement "The fall is so much faster than you and I could ever climb"
Davantage homogène que Gorilla Manor, Hummingbird crée une savante alchimie entre les morceaux pour devenir un véritable continuum. Plus froid et plus sombre, le disque s’avère aussi bouleversant qu’efficace. Misant sur l’empathie de l’auditeur, l’album nécessite une écoute (et réécoute) pointue pour en apprécier toutes les subtilités. Avec ce second opus, Local Natives nous confirme que ce groupe est une vraie pépite qui mise sur un savant mélange instrumental et la voix si parfaite de Kelcey Ayer.
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