Respect pour les rêveurs, car ils changent le monde. Ou au moins, ils se changent eux-mêmes, ce qui n'est pas rien. Anthony Gonzalez a sans doute rêvé depuis sa plus tendre enfance à Antibes d'être Pink Floyd à lui tout seul, d'écrire son "Dark Side of the Moon", son "The Wall" à lui : "Hurry Up, We're Dreaming" n'est que cela, un rêve de grandeur, à la fois inaccessible - d'où de sombres plantages sur ce double album, des moments où l'insignifiance noie toute volonté, et où l'ennui rôde - et pourtant à portée de la main - quelques morceaux lourds qui d'un coup, prennent de la profondeur, de l'envergure, voire même un sens inédit, quelques surgissement pop aussi comme le fameux "Midnight City". Sur "Hurry Up, We're Dreaming", on peut au mieux se perdre dans un labyrinthe nocturne soyeux, et au pire périr d'ennui dans des déserts sonores stériles. Le chef d'oeuvre est encore loin, mais les efforts impressionnent. Et puis, au moins, Anthony Gonzalez a Pitchfork et (une partie de) l'Amérique à ses pieds. Pas mal pour un rêveur…
[Critique écrite en 2011]