Chez Within Temptation, le passage de la mode gothique symphonique ne semble pas avoir cours. Survit donc ce gros son délicat (si, si !) ponctué des vocalises puissantes mais terriblement érotiques de Sharon den Adel. Abandonné un poil chancelant sur un Unforgiving (2011) mi-fugue, mi-raison, nos amis hollandais reprennent les rennes dès l’introductif « Let Us Burn », retour aux sources façon Silent Force (2004), sommet discographique actuel de la bande.
La suite n’est malheureusement pas forcément du même acabit. Comme s’ils n’étaient pas certains de leurs forces, les voici multiplier les invités et duos : Howard Jones (Killswitch Engage sur « Dangerous » un peu balourd), Xsibit (« And We Run » enfoncé par un rap hors zone) ou Dave Pirner (Soul Asylum sur le celtisant « The Whole World Is Watching »). Seule la participation de Tarja Turunen sur « Paradise » donne le carburant nécessaire pour transformer l’exercice en poudré de grosses guitares enrouées. Ce cinquième album entérine une potion qui souffle le chaud et le froid, avec un premier rôle de chanteuse ravageur, entouré d’un magma éruptif plugué sur courant alternatif. Du parfaitement synthétisé « Edge of the World » au raffiné pop « Roses » en passant par le mid-tempo « Dog Days », Sharon den Adel tient l’album à bout de bras, de voix, et parvient à passer l’éponge sur ses petites faiblesses.
Au final, Within Temptation cisèle des chansons plutôt belles et inquiétantes, poussé par une belle énergie, sans exagérations ni débordements. On aurait quand même apprécié un album davantage cohérent et consistant.