Comment rester dans le vent et tenir sur la durée lorsque l’on a été sacré meilleur espoir de la relève de la french touch en 2007 ? En plaçant tous les curseurs dans le rouge, de sa hype savamment orchestrée aux saturations élevées au rang de signature, Justice livrait alors avec Cross un premier album tonitruant, prêt à conquérir le monde et s’imposant d’office comme le manifeste d’une génération en quête de sensations fortes, laissant la dimension cérébrale au vestiaire pour venir se perdre dans les fracas, le groove imparable et la violence sonique proposés par le duo à la fois le plus chic et le plus destroy des soirées parisiennes. La suite de l’histoire – faite de montagnes russes (deux autres opus plus qu’inégaux) et d’échappées en solo pour Gaspard Augé – nous laissait là, au pied du mur, prêts à faire demi-tour pour aller explorer d’autres terres plus fertiles. Si seulement tout était si simple.
Premier ouvrage de l’ère post-Daft Punk pendant que l’ex-prince noir de la techno Gesaffelstein continue de se perdre dans des méandres électro-pop aussi poseurs que sous inspirés (en témoigne le récent Gamma), le défi de ce Hyperdrama était grand, tout simplement parce que, pour commencer… nous n’en attendions plus grand-chose, sinon rien. Mais pour la légende dorée, l’histoire était différente : Justice, seul(s) sur le ring pour défendre une électro tapageuse et de plus en plus nostalgique, toujours susceptible de séduire les masses sans pour autant (trop) éreinter les aficionados du rock ?
Avec son entrée en matière plutôt gentillette (Neverender, première des deux collaborations du disque réalisées avec Tame Impala), il y avait de quoi craindre le pire, Justice nous ayant autrefois habitué à des ouvertures plus incisives. Il serait pourtant malhonnête de ne pas admettre que les intentions dévoilées dans cette première piste, plus que sa composition ou sa production, touchent. Entre le revival facile mais plaisant (Generator, One Night/All Night), le limite pénible (Afterimage, Saturnine), l’hommage rétro façon Giorgio by Moroder (ici pour Alan Braxe dans Dear Alan) et ses tracks plus évasives (Muscle Memory, Harpy Dream) situées à mi-chemin entre Klaus Schulze et Tangerine Dream, Hyperdrama n’a pas peur de visiter et de faire se côtoyer différents mondes, différentes modes, différentes époques. En poussant le curseur du kitsch au maximum dans son dernier segment (Mannequin Love, Midnight Rendez-Vous, Explorer), Justice parvient même à exprimer et transmettre une certaine vision de la nostalgie et de la mélancolie, toutes proportions gardées vis-à-vis de l’’hyper drame’ annoncé.
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