Hyperion
5.2
Hyperion

Album de Gesaffelstein (2019)


Alors, alors



... Alors.


Après 6 ans d'attente à un successeur d'Aleph, Gesaffelstein nous revient avec Hyperion après une com' assez mystérieuse mais qui a su résonner chez tout les fans du musicien lyonnais.


Avant de s'intéresser au contenu je vais mettre un point sur la forme ; il est court. Atrocement court. Comptez 40 minutes, dont le dernier morceau "Humanity Gone" qui occupe le quart.


En sois, ça aurait été pardonnable si les autres morceaux avaient été à la hauteur des espérances de beaucoup de fans, malheureusement, c'est l'énorme déception. J'avais déjà fait des threads sur Twitter et Reddit à ma première écoute plutôt salés, mais même 1 semaine après, la pilule ne passe toujours pas, ce sale goût reste toujours en bouche.



Déjà, qu'est ce qu'il y'a de positif ?




  • La production est soignée, bonne et à sa propre identité.

  • L'album est très bon dans son genre et réussi

  • "Humanity Gone". Ce morceau sauve le quart de l'album

  • On y retrouve la patte sombre de Gesa



Qu'est ce qu'il ne va pas alors, me direz vous ?



Hé ben ... C'est à côté de la plaque. Certes on y retrouve son ambiance sombres, certes les synthés sont maîtrisés et te donnent un son bien léchés, cependant, on retrouve à aucun moment la férocité de Gesa, celle qu'a on a toujours connu. Celle qui nous décollait les tympans sur "Hate or Glory", "Viol" et bon nombre de ses anciens morceaux. Dans aucune track on a ne serait-ce qu'un peu de rythme typé techno, c'est soit de la pop nul à chier, soit de la prod hip-hop à deux balles, mais jamais de beats qui te font bouger la tête.


Je suis d'accord quand on parle d'évolution pour un artiste, qu'il choisisse une voie différente de ses anciennes productions, mais quand la moitié de la tracklist c'est des feats avec des chanteurs/chanteuse qui n'ont rien à foutre là (à part "Blast Off" avec Pharell Williams puisque c'est le seul feat qui en vaut vraiment le coup) on parle plutôt de régression. Je vais pas avancer le "gneu gneu c'est devenu commercial" puisque j'aime pas dire ça et ça se reconnaît que c'est du Gesa, mais force est de contaster qu'il est parti dans la mauvaise direction, il aurait pu mettre 1 ou 2 morceaux qui tabassent pour faire plaisir aux anciens fans, ou prouver qu'il avait encore son truc



D'ailleurs les feats, parlons en !




  • Celui avec The Weeknd je vois pas en quoi sa présence est justifié, Gesa avait déjà fait 2 prods sur un EP de The Weeknd en 2018 (après un silence de 3 ans de l'artiste français, ça pique), et à sa sortie on s'était dit que bon, c'était une collaboration qui n'avait rien à voir avec sa démarche donc ça passe, mais ça aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Bref, inutile.


  • Le feat avec The Hacker et Electric Youth. Putain. Quel échec. Mais quelle déception. Pour rappel The Hacker avait pris Gesaffelstein sous son aile à ses débuts, les deux nous avaient sorti un EP en 2009 sur le label Zone, "Errance/Crainte" qui était génial, et en 2012 Gesa qui remixe The Hacker qui est devenu instantanément un classique, un hymne des musiques de clubs. On l'a même eu dans GTA V pour l'écouter quand on roule sur des passants dans Los Santos. A l'annonce de ce titre, ma hype était gigantesque, qu'est ce qui pourrait foirer après tout ? Spoiler: leur envie de faire de la pop sans âme, plate et sans saveurs. Alors sur le dernier tiers du morceau ils ont essayés de faire quelque chose, un truc plutôt perché durant 1 minute et ça aurait pu fonctionner si pendant les 3 autres minutes ils nous avaient pas claqués quelque chose d'aussi hors sujet.


  • Le feat avec HAIM. L'instru est plutôt belle, mais n'est jamais prenante ou ne va jamais quelque part. Comme le reste des morceaux on s'en branle un peu.


  • Enfin, celui avec Pharell Williams. C'est déjà plus énergétique et funky que le reste, là on sent vraiment une envie de se marrer et ça a le mérite d'atteindre un point culminant.



En fait le meilleur moyen de résumer l'album serait de dire ce que je disais sur le feat avec HAIM,



L'instru est plutôt belle, mais n'est jamais prenante ou ne va jamais quelque part



Puisque au fond, ce n'est pas un mauvais album, loin de là, c'est même un très bon album de musique électronique, et on aurait pu le pardonner si on avait pas attendu 6 ans pour ça. Je pense que c'est pour cette raison que beaucoup de fans se sont sentis insultés, beaucoup (dont moi même) se sont fait des idées sur ce que ça allait être, on s'était dit que ça allait défoncer sa race, niquer des mères par centaines.


La présence de "Humanity Gone" est pour moi justifiée puisque c'est l'évolution la plus concrète de l'artiste, ainsi que "Hyperion" qui fait une très bonne ouverture en revenant à des sons de synthés comparables aux débuts de la musique électronique. En revanche, pour ce qui est de "So Bad", "Forever" et "Lost in the Fire" ce sont des prods qui sont complètement hors sujet et qui n'ont pas leur place sur un album de Gesaffelstein. "Memora" et "Ever Now", sont belles et s'intègrent bien à l'album mais c'est juste que ça ne marque pas les esprits et seront oubliées.



Et ce sera quoi pour la suite ?



A l'issu de cette déception, que peut on attendre de la suite ? Est-ce qu'il va se rendormir pour 100 ans avant de redébarquer avec un autre projet ? Est-ce qu'il va revenir d'ici peu de temps avec du lourd qui fermera bien ma gueule de rageux ? Je l'espère en tout cas.
Malgré tout, j'attends avec impatience sa prestation à Coachella, de ce qu'il a nous proposer après le live de Aleph qui était simplement monstrueux.


Pour finir, je pense que l'album aurait été mieux reçu si on nous avait pas autant hypés après 6 ans de silence, surtout après des annonces un brin putassières qui ont fait réagir tout les fans de la première heure qui ne demandaient qu'à s'en prendre plein les esgourdes. L'ancien Gesaffelstein me manque, celui qui m'a fait découvrir le monde de la musique électronique et de la techno à 18 ans, celui qui m'a mis la plus grosse claque de ma vie au MainSquare Festival 2014.


Reviens nous vite.

LucasPFloyd
5
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le 19 mars 2019

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