Six ans après Enfant lune, l'incompréhension demeure chez moi vis-à-vis de la carrière solo de Gringe. Au sein des Casseurs Flowters, bien mis en avant par la popularité montante d'Orelsan, c'était un artiste très prometteur. Et une fois seul, ça ne donne plus grand chose. Quand il se passe autant de temps entre deux albums, je me dis que rien n'est laissé au hasard, or on a l'impression que ce deuxième album est juste là pour justifier une présence sur les plateformes de streaming.
Dans Hypersensible il tente de faire du rap plus engagé sur certains titres, ce qui le fait sortir de sa zone de confort. Il ne parle plus seulement de son mal-être ou de ses relations compliquées, cette fois il y a le monde qui l'entoure, ce qu'il observe au quotidien et ça aurait dû être une force.
Malheureusement les morceaux sont produits de façon assez cheap, il tente des choses déjà entendues ailleurs et qui manquent de spontanéité comme les refrains chantés et autotunés et des tempos assez mous. D'ailleurs que c'est bateau d'intituler un morceau Fake ID et de trafiquer sa voix sur le refrain pour traduire l'idée, c'est basique comme dirait son pote. Dans tout ça, on ne retrouve pas ce qu'on pouvait percevoir de sa personnalité, à savoir un type très talentueux mais flemmard, un peu comme tout le monde, qui écrit très bien.
Les titres n'ont pas le temps de décoller en 36 minutes et il faut attendre la participation d'Orelsan pour qu'une instru devienne à peu près correcte, ce qui est assez triste pour lui. C'est Tigri qui s'est chargé de la production et je ne comprends pas du tout la direction artistique de l'album, je ne pige pas comment on a pu valider ça. Il se permet malgré tout un passage instrumental un peu planant, mais sur la dernière piste de l'album.
J'ai l'impression d'avoir préféré l'album à Enfant lune qui ne m'a pas du tout marqué mais peut-être que d'ici quelques mois je n'aurai pas non plus de souvenir de ce deuxième opus.