Cet album de Willie Dixon est paru en 1970. OK, à lire son titre, on se dit qu’il faut avoir un manque de modestie total pour oser ça. Mais là, on parle de Willie Dixon, un des plus grands auteurs compositeurs de blues et rien qu’à lire les titres, tous écrits par lui, on hallucine : « Back Door Man », « Hoochie Coochie man », « Spoonful » ou encore « You shook me », que des morceaux qui sont devenus des classiques du rock car repris par des groupes comme les Rolling Stones, Led Zep, les Doors ou encore Cream ! Alors, dans ce cas-là, le titre de cet album n’est pas usurpé et ne témoigne pas d’un ego surdimensionné mais de lucidité tout simplement (pas de fausse modestie après tout quand on a signé des chefs d’œuvre pareils !). Dixon réutilisera ce titre pour son autobiographie d’ailleurs.
Quatre des neuf chansons de I Am the Blues – « Back Door Man », « Spoonful », « I Ain't Superstitious », « The Little Red Rooster » – ont été interprétées à l'origine par Howlin' Wolf. « Back Door Man » et « Spoonful » ont été enregistrées par Howlin' Wolf en juin 1960 avec à la basse Willie Dixon, au piano Otis Spann, Fred Below à la batterie et Hubert Sumlin à la guitare. « The Little Red Rooster » a été enregistré en juin 1961 Howlin' Wolf et Hubert Sumlin, Johnny Jones, Dixon et à la batterie Sam Lay. « I Ain't Superstitious » a été enregistré en décembre 1961 avec Howlin' Wolf, Hubert Sumlin et Jimmy Rogers à la guitare, Henry Gray au piano, Willie Dixon à la basse et Sam Lay à la batterie.
Les chansons « You Shook Me», « I'm Your Hoochie Coochie Man » et « The Same Thing » ont été enregistrées pour la première fois par Muddy Waters . « I'm Your Hoochie Coochie Man » a été enregistré le 7 janvier 1954 avec Waters au chant et à la guitare, Little Walter à l'harmonica, Jimmy Rogers à la guitare, Otis Spann au piano, Willie Dixon à la basse et Fred Below à la batterie. « You Shook Me » a été enregistré le 27 juin 1962 et « The Same Thing » a été enregistré le 9 avril 1964. " The Seventh Son " a été enregistré par Willie Mabon en 1955. " I Can't Quit You, Baby " n'est même pas sorti sur Chess Records ; à la place, il a été enregistré et publié par Otis Rush.
Bon, la limite de ces versions, c’est que Dixon est un bien meilleur auteur-compositeur qu’interprète : dans la 1ère catégorie il est génial et les rockeurs ont largement pillé son œuvre ; dans la 2e il est juste honnête. Aucune de ces versions ne nous fera oublier les originaux, difficile en effet de passer après Muddy Waters ou Howlin’ Wolf, dotés de voix surpuissantes et reconnaissables tout de suite et on a forcément ces voix dans la tête. Mais Dixon reste un artiste central du Chicago Blues et dont l’héritage est gigantesque. On en a ici un joli aperçu.