Elvis Perkins était de ceux qu'on avait perdu de vue, après un premier album de qualité, quelque peu occulté par l'anecdote : "saviez-vous que son père jouait dans Psychose" (de la même façon qu'on ignore souvent le talent de Yacine Bammou en le voyant uniquement comme l'ancien vendeur de la boutique du PSG), un second dont l'audace avait perdu certains, mais qui semble aujourd'hui bien peu de choses à l'écoute de ce dernier album qui explore des territoires bien plus vastes.
Ce disque désarçonne, notamment sur sa première face, avec une instrumentation très minimaliste : quasiment plus de cuivres ou d'ensembles à corde, seulement une guitare, un peu de claviers et une section rythmique discrète. Mais aussi avec des chansons qui s'étendent et prennent beaucoup plus le temps de réver, des changements de registres plus nombreux, l'album s'aventure notamment sur des terrains qui évoquent parfois Syd Barrett, ou les moments les plus bruitistes et expérimentaux des Unicorns.
La seconde face est dans l'ensemble plus proches des 2 premiers essais, avec des titres plus denses et plus attendus et toujours des textes fins, mais garde ce côté aventureux qui fait la force de cet album.
Après 5 ans sans albums, Elvis Perkins a vraiment pris le temps de faire ce disque avec le son qu'il voulait, avec de l'audace et sans s'embarrasser de son passé : une réussite !