Je suis de nature royalement impatiente et c'est peu dire. Pour illustrer un peu, les exemples sont nombreux. Si je vais au comptoir pour un achat, théoriquement, je devrais passer maintenant et les autres devraient patienter. Dans le trafic, il devrait exister une voie uniquement pour moi afin de ne pas subir le bouchon. Arrivé au travail, je veux déjà être à la fin. Je préférerais de loin tout accomplir mes obligations en quelques heures et foutre le camp que de devoir attendre que les tâches se fassent selon un horaire préétabli. Attendre m'énerve peu importe la situation. Et souvent, même si une activité est intéressante, elle comporte néanmoins une durée. Et cet espace temps me fait déjà chier apres une certaine période. Le résultat des courses se manifeste par un cercle social extrêmement restreint car, dans la majorité des cas, ma patience déficiente me rend probablement désagréable. Gris, bougon, susceptible au cube et définitivement une merde pour ceux qui apprécient le moment présent...

Comme ceci explique cela, ma vie amoureuse s'en est ressentie tout le long de mon existence. A la base, le romantisme chez moi remporterait la palme d'or s'il y avait concours. Je vois ( voyais...) la femme comme la pureté, toute blanche, propre de toute malice. Mais, malheureusement, le blanc ne demeure pas immaculé longtemps. Ça tache vite le blanc. Oh, bien entendu, je suis loin d'être pur, y a beaucoup de zones d'ombres ( la preuve étant ma nature grise). Toutefois, je m'efforce d'être humainement acceptable quitte à troquer mon impatience par une gentillesse réellement empathique. Je m'égare...

Donc, comme je le disais, je deviens rapidement lassé d'à peu près tout ce qui m'arrive. Le film est long, la route ne finie jamais, l'imbécile n'avance pas, y a foule pour entrer au cinéma... Pire encore, je peux apprécier un moment et l'instant d'après, j'en ai déjà plein mon cul. La camisole de force n'est pas très loin, je vous jure. Pourtant, ce que je raconte depuis le début représente la partie drôle de l'équation. Là où le bas blesse, c'est dans ma vie amoureuse et possiblement familiale . Je ne m'en suis pas rendu compte assez tôt dans ma vie et avec le recul, je peux effectivement être une belle merde.

Au debut d'une relation, on s'entend que tout est idyllique. Le parfait bonheur, les petits oiseaux et une foule de papillons nous sortent par les pores de peau. A ce moment ci, tout va bien, les qualités intrinsèques qui composent ma personnalité sont mêmes impressionnantes tellement je donne le meilleur de moi. Par contre, Sitôt passée la lune de miel de 6 mois ou chimiquement nos neurones deviennent complètement timbrés, je deviens un trou du cul de première. Pas instantanément. Lentement. Plus jeune, je ne comprenais pas cet état d'esprit. Ne voulant pas finir seul, soit je tentais de m'améliorer et voir un peu de soleil dans l'existence, soit je me transformais à pas de tortue en analyste cherchant à comprendre ce qui, chez l'autre, ne correspondait plus à ce que j'aimais intensément au départ. Ce n'est qu'après quelques 40 années et beaucoup de temps seul à cogiter que j'ai réalisé ma part de problématique dans une relation. L'autre, effectivement, n'est pas tout de blanc vêtue. Mais, de mon côté, il fait très sombre et honnêtement, je crois que je me complais là-dedans.

Arrivé à satiété, le corps nous le dit par un effet de bouchon. Si on en prend plus, l'inconfort se manifeste et le malaise dure un certain temps. C'est le même principe au niveau relationnel en ce qui me concerne. Après le coup de foudre, arrive le coup de pelle. J'ai analysé la situation, j'ai tenté de comprendre où me mènera le jeu, et, bien entendu, je commence à m'éloigner tranquillement. L'amour est présent. La lassitude aussi. L'affection se manifeste encore mais, l'intensité diminue. L'effort de couple se fait bel et bien. Cependant, le coeur n'y est plus. Avant, je croyais que c'était de la paresse. Pas tout à fait. Il s'agit surtout de devenir blasé, indifférent, la chimie s'étiole, la drogue qui rendait l'autre addictif ne fait plus effet. Ce sera inévitablement le début de la fin...

Le lien avec la chanson est désormais facile à comprendre. Pour vivre avec moi, il faut impérativement aimer être seule " même " si on forme un couple. Je suis facilement distrait par mes propres pensées et je plonge dedans à pieds joints, comme si c'était plus important que l'autre. Ce qui m'eveillait chez elle se transforme inéluctablement en besoin de sommeil. Sa beauté demeure intacte mais mes yeux enlaidissent le tableau. Je me renfrogne, m'isole, trouve des excuses pour éviter toutes formes de tissu social et enfin, je deviens la merde que je tentais de ne plus être. Ca semble viscéral malgré des consultations, des essais, des erreurs, des efforts, des ruptures, des rabibochages en règle. Je laisse l'autre s'en aller tout en étant encore présent de corps. L'esprit lui, s'est fait la malle depuis un foutu moment. Mes enfants, en l'occurrence, ont surtout goûté à la distance que je crée en allant vivre dans mes chimères plutôt que de partager l'instant avec eux. Les concernant, une amélioration notable s'est enclenché à l'approche de la cinquantaine. Vaut mieux tard que jamais. Toutefois, j'ai perdu du temps. Et il ne reviendra pas. Triste mais vrai, je devrai composer avec les remords quand je vais crever, probablement seul, comme un con, bien fait pour toi sac à merde...

J'ai compris le sens de la chanson, particulièrement au niveau du refrain. On pourrait penser à un mea culpa si ce n'était pas de ma faculté de ne pas changer. J'ai essayé. Beaucoup. Très fort. J'ai même horreur de voir l'amour entre deux personnes vu mon incapacité à le vivre de manière sereine et epanouissante. Ils me font profondément chier avec leur bonheur. Pas jaloux . Au contraire, tant mieux pour eux. Mais l'incompréhension et l'inaptitude à réussir la relation me fait péter une latte. Pourquoi pas moi ?

Alors, si j'avais à dire à une ancienne relation pourquoi l'éloignement s'est créé aussi profondément, j'opterais pour ce même refrain:

Ce n'est pas ta faute, simplement " je ne t'aime plus comme je t'aimais hier."

Le blanc ne demeure jamais blanc. Il se transforme rapidement en nuage sombre. Tenez vous loin de moi. Ça vaut mieux pour tout le monde...

Créée

le 13 juin 2024

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Johnny B

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