Depuis le temps que j'attendais ce nouvel album ! Depuis « Toop Toop » en fait, que j'avais découvert passant au « Grand Journal » à l'époque où Canal + avait encore de la gueule, en 2006. Tout de suite, ce fût un coup de cœur, coup de cœur qui annonçait et mon Amour de la Synthpop, et mon adoration envers Cassius. L'album « 15th again », que beaucoup n'apprécient guère, rentra vite dans ma (à l'époque) courte liste d’œuvres cultes, suivis par la suite de leur « 1999 » et leur fabuleux « Au rêve ». J'avais eu la chance de les voir pour un concert bien sympathique dans une salle près du Luxembourg puis dix ans ont passé, où entre-temps, j'ai élargi ma vision musicale et pendant lesquels le duo venait de temps en temps me rappeler leur existence avec de bons tubes perdus dans des E.P oubliables. Alors qu'on ne les attendait plus, arrive ce « Ibifornia ».
Juste avant d'écouter l'album, je les ais revu sur scène, au Cabaret Vert, livrant un DJ Set assez décevant ; très peu de breaks, des remixes de leurs propres morceaux inintéressants, le même rythme sur près d'une heure, et surtout, les mêmes sons tropicaux passés en boucle jusqu'à l’écœurement, avec quelques effets visuels pour combler le vide musical. Je veux bien qu'ils soient partis dans un délire tropical mais même leur pochette d'album est moche (surtout si on la compare aux précédentes) ; ils auraient du s'inspirer de leur compatriote Sébastien Tellier qui avec son « Avventura », avait très bien réussi à s'approprier le trip. C'est en serrant les dents que j'ai donc lancé ce nouvel album.
La première moitié de l'album ressemble au DJ Set, à l'exception prêt qu'on y découvre de bons morceaux ; « The Missing », « Action », « Go Up »... le duo a toujours autant le sens du rythme, cet affection pour le old-school et incrustent même quelques solos de gratte et de sax'. Ils retrouvent leur camarade Pharell mais aussi Cat Power, Mike D, Ryan Tedder... de beaux noms surtout là pour attirer un plus large public car au final, ils ne sont qu'interprètes et interviennent peu sur le processus musical. Bien sûr, Cassius exagèrent sur la durée de certains titres mais n'oublions pas qu'ils viennent de la House, cette tendance à l'allongement n'est pas nouvelle. Un bon début...
On ne sait pas ce qui s'est passé mais dans sa deuxième partie, la musique d'Ibifornia change de ton. Elle ne ressemble plus à du Cassius mais à des sons qu'aurait composé Zdar, devenu producteur de renom (« Two Door Cinema Club », « Phoenix », « The Rapture » et j'en passe) avec les artistes concernés... Pour le coup, là, ces derniers semblent s'être réellement approprié le processus créatif... mais en plus de casser le rythme, ces morceaux n'ont rien de mémorable, sans doute tirés de fonds de tiroirs. J'apprécie à un certain degré « Hey You ! » mais cela n'engage que moi et mon amour de la Pop mélodique facile. Et lorsque sur les deux dernières pistes, la House reprend, on a déjà la tête ailleurs, on aimerait passer à autre chose, surtout que ces pistes puent le remplissage.
Alors je reste contrasté quant à ce retour. D'un côté, ils ont réussi en de rares moments à me rappeler pourquoi j'étais tombé sous leur charme dans les années 2000, d'un autre, cet album ne vaut pas plus que leurs Eps sortis ces dernières années. Si le titre « Ibifornia » (mélange d'Ibiza et de California) annonçait déjà que l'ensemble serait divisé en deux, cela ne fait qu'entraîner un manque de cohésion et une sensation d'inachevé ; contrairement à ce qu'ils ont produit jusqu'à maintenant, nous n'avons pas le droit à une nouvelle patte Cassius ici et c'est bien ce qui manque. J'ai passé tout de même un très bon moment sur les pistes citées (en tout cas, bien au-dessus de leur live) mais ne nous le cachons pas, il s'agit de leur album le moins réussi. On est en droit de se demander si on peut encore attendre quelque chose de ces légendes de la French Touch...
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