Burning Blues

Gratteu en herbes, j'ai comme tout Noobie longtemps arboré les clichés du blues. Ses structures accessibles, sont de parfaits murs porteurs afin de faire tourner une impro lors de longues soirées rythmées aux cadences de la bière clope.

Si j'aurai une éternelle tendresse pour le miel produit par les cadors de la catégorie, tel que le regretté B.B. King. Les codes du genre sont tellement acquis, qu'ils m'apparaissent souvent comme prévisibles, même parfois redondants.

Jack White a dépoussiéré le tout en s'évertuant à travers sa carrière, à se ré-emparer de l'héritage issus de cette musique habitée par les tristesses, revendications, déboires et autres complaintes. Le petit gars de Détroit a su en retirer le suc, la force du message tout en déformant l'habillage, le déstructurant de manière permissive, forgeant ainsi une formule qui secoue et frappe sec.

Apparaissant fin 90 avec une constitution à contre-courant de l'ère des mixages Studios soignés. Jack & sa copine Meg' viennent foutre un coups de pied dans la fourmilière, plein de culot, ils prônent les processus d'enregistrement Rétro et un groupe réduit à son simple minimum. Enveloppé sous une marre distorsions s'entrechoquant avec une batterie minimaliste & balourde comme Jabba le Hutt.
ils réussissent à ramener ce qu'il manquait à l'industrie musicale : L'instinctivité, le blues dans ta gueule buddy.

Quelques années plus tard, solidement installé par son hit imparable Seven Nation Army. Le groupe a légèrement perdu de son aspect cradingue en passant par la case " Get Behind Me Satan", ainsi dans Icky Thump, leur livraison finale, fleurissent toutes sortes d'arrangements.
Des trompettes muy cálido dans la track "Conquest" jusqu’aux autres fantaisies tel que la mandoline de "Prickly Thorn, But Sweetly Worn". De nouvelles pistes artistiques sont dénichées donnant une couche de vernis à une formule qui risquait de s'épuiser au fil du temps.

Surtout que derrière, le père White est toujours vénère; ses riffs acérés transpirent toujours autant la poussière, la crasse. Ses solos nerveux, saccadés et stridents "Cry like a baby" sont jouissifs.

Les bourrasques graveleuses ne sont pas mortes, en témoigne la grosse bastos auditive, "Icky Thump" : Avec sa guitare qui explose les mesures à gros coups de masse, son synthé sous speed, et sa ligne de chant vindicatives dont les lyrics frappent dans le mille.
"Catch Hell Blues" pour lequel Mr. Whiite ressort sa demi-caisse pérave en nous dégainant une partition Blues-Rock bien graissé à la distorsion qui déborde abondement. Alternant entre descentes slidés; riffs cadencés et vas y pince moi dans les aigus Honey.
Sans oublier "Little cream Soda" qui résume à lui seul l'esprit White Stripes.

A défaut d'être constamment inspiré contrairement à "White Blood Cells", l'album sait varier les sonorités, tout en étant rythmé de transitions à la manière de la curieuse "St. Andrew (This Battle Is In The Air)" Donnant à cet opus plusieurs phases au lieu de l'énergie à sens unique habituelle.

Pour cet acte final White a déterré des styles issus de divers lieux et époques. Avec la finesse qu'il emploi dans le dosage de ses emprunts, l'album se révèle être un sympathique panorama conservant dans la bataille l'identité originelle des White Stripes.
Conciliant ce que l'animalité et l'ordonné peuvent générer lorsqu'ils brûlent ensemble sous la braise du Blues.