II par Florian Sallaberry
L’électro/techno berlinoise est en vogue. C’est, paraît-il, ce qui se fait de meilleur dans le style. Je n’ai pas d’avis sur la question mais j’avoue qu’on en bouffe des tonnes : frères Kalkbrenner, Ellen Allien, Richie Hawtin …
Moderat est la concaténation de Mode(selektor) et (App)arat. Si le second ne me dit rien du tout, je sais que Modeselektor est une bande de mec sympa. Une bande de mec sympa qui sait s’entourer (coucou) et dont les compositions oscillent entre électro tapageuse, compositions hip-hop et morceaux planants. Trois albums hétéroclites et plutôt bien réussis et une collaboration avec Apparat, donc, sur lequel je ne pourrais pas dire grand-chose malgré sa carrière bien fournie.
Deuxième album du combo Berlinois, II adopte le même type de visuel que le premier album au look bande dessinée. On y voit un homme se mettre un masque : je comprends aisément que l’on ne veuille pas être reconnu lorsque l’on porte une chemise orange, surtout si l’on est membre du gotha berlinois.
11 titres composent l’album dont deux interludes et un qui attise ma curiosité par sa durée (10 minutes) : Milk. Le morceau, par sa position quasi-centrale, se doit d’être bon, voire très bon. Nous y reviendrons plus tard.
L’album démarre par un interlude (ce n’est pas commun, j’aurai dit introduction) assez classique : on a l’impression de se trouver au début d’un concert d’électro, que les mecs sont en train de prendre leur marques et qu’ils envoient deux/trois beats à la foule pour les faire crier … avant … LE TUBE. Et là, on y est carrément : Bad Kingdom est un tube en puissance : Rythmique ultra-dansante, basses présentes mais pas trop et surtout une voix assez aigüe qui vient contrebalancer tout ça : même si c’est usé et re-usé, c’est hyper efficace : on oscille de la tête, des épaules et même du bassin. S’en suivent deux titres au tempo plus modéré, qui font vraiment penser à ce que Modeselektor livre en live : une techno précise où tout semble (parfois trop) maîtrisé. On en vient au morceau le plus intéressant, dix minutes donc …
Alors, lait caillé ou chocolat chaud de mamie ? Milk est un morceau extrêmement progressif. Par couches successives, le trio fait évoluer son beat qui semble simple (mais qui est plutôt complexe au final) pour nous éjecter dans la stratosphère. C’est un titre qui doit prendre toute sa puissance en live où l’on peut librement laisser vaquer son esprit assommé par les basses assourdissantes et le beat survitaminé. Verdict : clairement le chocolat chaud de mamie, celui qu’on savoure au coin du feu en feuilletant un album photo d’un autre siècle.
L’album se poursuit avec deux morceaux assez semblables au tempo assez lent. On retrouve un peu l’atmosphère des tracks 3 et 4, des touches successives de différents éléments, comme un patchwork. Les mecs savent y faire, ça se sent, ça fonctionne : on est bien !
Suit un deuxième interlude, qui cette fois n’annonce pas un tube mais un morceau plus sombre Ilona, aux changements incessants de rythmes, l’ambiance est glaçante mais finit sur un côté jeu vidéo-pistolet laser plutôt plaisant. Puis, un morceau chiant. Oui, Damage Done est chiant et je trouve le refrain à vomir. Je ne m’attarderai donc pas là-dessus. L’album finit par This Time, morceau de fin de concert qui montre toute la puissance sonore du combo berlinois : des vagues de synthétiseurs se superposent puis laissent leur place à des moments plus calmes, plus minimalistes.
II est une succession de collages sonores maîtrisés de bout en bout : les premiers morceaux posent une ambiance qui atteint son apogée sur le titre central Milk, à la progression fulgurante, où le trio nous envoie dans d’autres galaxies. La fin de l’album est cependant plus moyenne et moins dansante.