Milk & Honey
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le 17 oct. 2013
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J'étais ressorti en colère de mon contact avec II (mais si vous savez, le disque qui précède III), tant le pillage des influences était prégnant, à peine voilé, et le résultat si peu convaincant même en mettant de côté la légitimité douteuse de leurs emprunts. En écoutant présentement le tout nouveau disque des Chiliens, avec un esprit neuf et miséricordieux, je me suis départi de mon aigreur inquisitrice : le pillage de fait ne m'a pas frappé sur III. Mais je réalise à présent qu'au moins, me mettre en colère m'aura tenu éveillé, actif et investi lors de mon écoute du II. Ce dernier, avec ses plagiats grossiers aux CAN, Neu! et autres Harmonia, m'avait absordé l'air de rien. L'écoute finie, je n'avais qu'une hâte, m'y replonger pour m'assurer de la légitimité de mon ire. Et là, rien. III m'en touche une sans faire bouger l'autre, d'un bout à l'autre, sur tous les niveaux.
En parlant de II, j'avais passé beaucoup de temps à me focaliser sur la traque au calque et trop peu sur ce qui à mon sens foirait concrètement dans la formule de Föllakzoid. Raccrocher les wagons sera facile comme bonjour, car le groupe n'a pas bougé d'un poil en 2 ans. Pour les deux du fond qui n'auraient pas suivi, le trio propose un mélange de rock psychédélique aux accents cosmiques et d'un krautrock dans ce qu'il peut avoir de plus répétitif. La version qu'en donne le groupe consiste principalement à planter une rythmique monolithique et la laisser tourner en une longue jam sur laquelle le guitariste improvise. Hop, avec ça vous avez Föllakzoid dans un mouchoir de poche ! Le pire c'est que sur le papier, il n'y a aucune raison que ça me déplaise. Plein de bonnes influences, une démarche a priori assez louable. Sauf que voilà. Je ne sais pas à quoi carburent les Chiliens (en fait si, j'ai ma petite idée), mais j'ai rarement entendu des musiciens jouer aussi mollement sur disque. Ou plutôt un groupe rendre la mollesse si inintéressante. Après tout, un Neu! savait se la jouer complètement shooté de façon géniale, allez seulement vous passer "Leb' Wohl" pour vous en convaincre. Non, là le problème c'est que rien ne semble sous-tendre cette stase que nous impose Föllakzoid. Leur répétition n'a aucun caractère, aucune nuance ; la platitude du son de batterie n'a d'égale que la monotonie du jeu, tant et si bien qu'il importe peu que le guitariste s'échine à tisser des motifs planants pour insuffler une vie dans la tambouille (il se démène plutôt bien d'ailleurs sur la fin de "Piure"), car mon attention finira toujours par revenir sur cette batterie lénifiante. J'ai connu des boîtes à rythme moins désincarnées.
J'ai été un peu injuste plus haut, en clamant que Föllakzoid était resté au point mort depuis leur disque précédent. On leur accordera certes un décalage progressif vers moins de psyché et plus de motorik, en se la jouant de plus en plus minimaliste. Encore une fois, la démarche est respectable, en théorie j'adore le minimalisme, mais je doute que cette voie serve vraiment le groupe qui me semble plus à l'aise dans le psyché planant que dans la répétition entêtante. En somme, mon avis sur Föllakzoid n'aura pas tellement évolué à l'écoute de III, en tout cas pas en bien. En un sens, pour les raisons citées plus haut, je me serai bien plus embêté durant celui-ci que durant leur précédent. À choisir et avec le recul, je préfère un disque qui me scandalise à un disque qui m'indiffère entièrement. Or ici l'effet est systématique : lorsqu'une piste se finit, j'ai l'impression qu'elle n'a jamais vraiment commencé, je ne garde que le sentiment d'un grand vide bien habillé. Une musique de fond, peut-être de live quand on est aussi défoncé que le trio ; en tout cas sur disque, ça n'aura engendré chez moi rien de plus qu'une série de bâillements.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste La programmation superlative du Guess Who Festival [édition 2015]
Créée
le 21 avr. 2015
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