Puissance du silence / Puissance du bruit.

Au creux du silence...

Au creux du silence, le bruit doit s'installer. De manière mécanique, le son est fait pour remplir l'espace. De manière mécanique, le son est fait pour vider cet espace, aussi vite qu'il s'y installe. Le caractère évanescent du son est ce qui rend la musique si belle. La musique n'est vivante que lorsqu'on décide de la jouer. La musique est éphémère, la musique est silence. Tout respire le silence, tout n'est que bruit qui attend. Le travail du musicien est de remplir cet espace. De toute les manières possible, il le rempli. Par sa voix, son instrument, son souffle, ou simplement par son silence. Peu de musiciens parviennent réellement à magnifier cet instrument, tous souhaitent le remplir, attirer l'attention du public. Car le public ne remarque pas le détail, il remarque l'absence de détail. Le public doit être constamment sur le qui-vive, à l'affut. Mais le silence, le vrai, doit être magnifié. Car sans silence, pas de musique. Pas d'instant de douceur, pas d'instant de beauté, pas d'instant suspendu. Sans silence, tout n'est qu'agacement. Tout n'est que bruit, rien n'existe véritablement. La musique, c'est l'espace entre les notes, les laisser raisonner, les laisser vivre, les laisser respirer. Les laisser être. Au creux du silence une voix se dessine, une voix chaude, une voix rauque. Une voix invitant à un voyage spirituel, au cœur de l’Italie. Un voyage. Une exaltation des sens. Fantomatique, irréel. Un voyage à travers le silence, le vent, la brume.


... réside le son.

Car ici, le son prend toute la place, pourtant il complémente parfaitement ce silence. Serait-ce l'inverse ? Peut-être. On cherche le silence, mais parfois on recherche ce son. Et quand celui-ci est magnifié, c'est la marque des grands albums. On recherche les notes au fin fond du silence, et alors celle-ci nous apparaissent, nous donnant une certaine forme d'espoir. C'est alors que l'exploration commence, l'exploration de contrée lointaines, l'exploration de notre propre quiétude, de notre condition. Une introspection à travers ses ondes qui viennent nous faire ressentir des émotions. Ses ondes qui viennent transpercer le silence, qui viennent provoquer des sentiments. Des sentiments forts, de la mélancolie, de la joie, une tristesse profonde et intense, une nostalgie plus que douloureuse pour une histoire que l'on n'aurait jamais vécu. Pas nécessairement croyant, nous nous laissons happer par cette expérience spirituelle. Pas nécessairement malade, nous essayons tout de même de nous soigner, par les ondes, par la musique. Par nous-même.

Zoan
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le 30 oct. 2024

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