Trois ans après l’irréprochable Tombé Du Ciel, Higelin persiste dans
l’excellence avec Illicite. Il s’agit pourtant d’un disque risqué, en totale
rupture avec l’album précédent, et inhabituellement intime. Mais Higelin préfère
toujours la liberté à la facilité et a choisi la voie du renouvellement
permanent. Pour les musiques, l’heure est à l’épurement avec essentiellement du
jazz/blues de haute voltige et des chansons au piano, le tout saupoudré d’un
harmonica subtil aux notes "bleues". Cette restriction stylistique, plutôt
atypique chez Higelin, est un atout car elle donne une cohérence artistique à
l’opus et met en valeur les paroles. D’ailleurs, celles-ci comptent parmi ses
plus belles. Manifestement bouleversé par la naissance de sa fille Izia, la
moitié des titres la concerne. Tout commence dès la festive "Ce Qui Est Dit Doit
Être Fait", puis la tendre piano-voix "Ballade Pour Izia", émouvante avec un des
textes les plus aboutis d’Higelin, "L’Homme Oiseau" et son refrain envoûtant,
pour finir avec le chant sacré "Criez Priez". Le reste est également d’un très
bon niveau. Dans "Il N’y A Pas De Nom (Pour Le Repos De Son Âme)", il est encore
question de prière, cette fois pour le respect des morts. "We Are The Show Men"
dresse une liste de désagréments quotidiens et autres travers de la société.
"Illicite" parle des plaisirs du corps, version coquine. Enfin, "Les Ailes Du
Silence" livre des impressions de montagne. En définitive, Higelin se met à nu
du début à la fin de l’album, offrant des morceaux touchants et profonds. Un
disque indispensable, aussi pour découvrir l’Homme derrière l’artiste.