Même si nous sommes très loin de la sphère metal, il était impossible pour moi de ne pas partager mes impressions sur le nouvel album de Lisa Gerrard. Cette grande dame se pose en effet, comme l’une des meilleures chanteuses de notre époque. Depuis le fabuleux duo qu’elle formait avec Brendan Perry dans Dead Can Dance, en passant par This Mortal Coil, ses premiers pas en solo ou son travail sur de nombreuses musiques de films, elle a mainte fois prouvé son indiscutable talent.
Pour ce nouvel album, « Immortal memory », Lisa collabore avec Patrick Cassidy, musicien et disciple de Hans Zimmer, le compositeur de BO. Et quand on connaît la relation entre ce dernier et la chanteuse (« Gladiator », « Tears of the sun », « Ali »…), cette coopération n’est en rien étonnante.
Mais venons en à la musique en elle-même. Musicalement, on sent que l’approche de la chanteuse a radicalement évolué. Nous sommes en effet, loin des influences world des albums de Dead Can Dance et de ses premiers efforts en solo. « Immortal memory », est franchement orienté vers une musique orchestrale et atmosphérique, très proche de la musique de film. Ces choix donnent à cet album une force redoutable, l’allure d’un opéra en plusieurs actes, une entité logique et évolutive sans cassures.
Il suffit donc de lancer le disque pour plonger directement dans l’univers des musiciens et ne pouvoir en ressortir qu’à la toute fin, en ayant l’impression d’avoir écouter qu’un seul titre d’une heure. Les titres s’enchaînent merveilleusement bien, ils immergent complètement l’auditeur dans un monde spirituel, quasi religieux, hors du temps. La voix de Lisa Gerrard est un don des dieux, on a beau connaître son talent, le choc est toujours au rendez-vous.
Au rayon des critiques, car il y en a toujours, on regrettera le côté trop synthétique des compositions, l’ajout d’un petit orchestre aurait été un plus non négligeable. Enfin, on pourra déplorer aussi le dernier titre « Psallit in aure dei », qui tranche vraiment trop avec le reste de l’album et qui pourrait être interprété sans hésitation (si ce n’est le chant de Lisa), tous les dimanche dans nos églises locales.
L’ambiance et les paroles de cet « Immortal memory » sont aussi un appel à la spiritualité, Lisa Gerrard et Patrick Cassidy, l’ayant composé en observant le monde et cette descente aux enfers, qui nous touche depuis la fin de l’année 2001. Les références aux religions sont nombreuses, mais jamais dans un souci de dénonciation, au contraire. Lisa chante d’ailleurs plusieurs titres en Araméen, la langue du Christ.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaitez un très bon voyage, à l’écoute de ce magnifique album (avec un très bel artwork, comme sait le faire 4AD) hors du temps, porté par la voix d’un ange.